ÉCHOS DES BéNITIERS

 

 

La mauvaise éducation

En 2019, sur le plateau de Canal Plus, Jacques Weber affirmait « ne pas supporter les curés ». Il avait évoqué des situations inacceptables en compagnie d'un religieux lorsqu'il était enfant. "Par notre éducation extrêmement religieuse, [...] si le curé disait quelque chose, c'était le bon Dieu qui parlait. Donc on ne disait rien."

Des souvenirs glaçants qu’il a évoqués à nouveau dans son livre « On ne dit jamais assez aux gens qu'on les aime », (mars 2023, Ed. de l'Observatoire).

Chez lui, « on inculquait aux enfants la foi à marche forcée, la messe obligatoire », écrit-il.

Il participa à une « colonie de vacances chez les curés », lors de laquelle une séance de confession était imposée chaque semaine, « seul avec l'abbé, dans son bureau ». « Dieu m'attendait en soutane déboutonnée dès le nombril. Le confesseur me commandait la génuflexion et me coinçait la tête sur les genoux. »

Il continue : « L'abbé Conté m'indiquait d'une caresse l'endroit des hontes tues, puis sa main puissante enfouissait ma tête d'enfant entre ses cuisses en sueur ; l'absolution consistait à me mordiller l'oreille ou à la lécher. » L’enfant sortait alors sans autre ressource que de taper dans un ballon.

 

Célibat des prêtres: les dogmes ne sont plus ce qu’ils étaient

Le pape François a souligné début mars que le célibat des prêtres était une "discipline" et non une règle immuable. "Il n'y a aucune contradiction à ce qu'un prêtre puisse se marier, a-t-il déclaré, comparant le célibat des prêtres à une "discipline".

Il s'agit d'une "prescription temporaire", et non "éternelle" comme l'ordination sacerdotale, "qui est pour toujours, que cela vous plaise ou non." (Oulala !) Et d’expliquer par ailleurs : "Il est évident qu'il s'agit d'une question de discipline, qui existe aujourd'hui et qui n'existera peut-être pas demain, et qui n'a rien à voir avec un dogme (…) Nous verrons que le moment viendra où un pape, peut-être, le reverra".

C’est bien connu, il faut que tout change pour que rien ne change.

 

La faute à pas de chance

À Bruxelles, le P. Peignot, traditionaliste, avait abusé sexuellement cinq garçons (au minimum), raison pour laquelle il avait été condamné en procès canonique.

C’est le prêtre Pierre de Maillard qui lui a succédé dans les années 90. Pas de bol ! Son procès vient de s’ouvrir aux assises de La Roche-sur-Yon pour des abus sur 27 enfants. Que voulez-vous, mettez-vous à la place des évêques, avec tous ces délinquants sexuels, on ne sait plus où les (re)caser.

 

Le Christ dans les starting-blocks

Nous connaissons bien à Lyon Mgr Gobillard, ancien évêque auxiliaire du diocèse, chargé de suivre les affaires de crimes sexuels avant de partir sous d’autres cieux. Nouvelle promotion : c’est lui qui conduira les affaires vaticanesques à l’occasion des prochains J.O. de Paris. Objectif : "témoigner avec force du Christ" à l’occasion de ces "holy games". Cela permettra-t-il à la France d’engranger un max de médailles miraculeuses ? La Direction du projet "JO Paris 2024 & Église Catholique" a été créée en septembre 2022, à l’initiative du diocèse de Paris et de la Conférence des évêques de France, Sa Direction a pour but "d’initier, coordonner, animer et soutenir les actions et projets portés par l’Église catholique en France (paroisses, mouvements, établissements scolaires, communautés) en amont et pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024."

 

Défense des services publics

Benoît XVI le disait déjà : "Pas de saine laïcité sans repères éthiques fondamentaux." Pour sa part le pape François, lors de son voyage au Portugal (du 11 au 14 mai), a rencontré le monde de la culture au Centre Belém de Lisbonne et a prononcé un discours dans lequel il a évoqué le conflit entre la tradition et le présent, qui s’exprime par une "crise de la vérité". Chercher la vérité "en dehors de Jésus Christ s’avère dramatique", a-t-il insisté, avec cette formule qui fera date : " l’annonce de la vérité n'est rien moins qu’un "service offert à la société".

 

Cy n'entrez pas, hypocrites, bigotz, Vieux matagotz, marmiteux borsouflés, Torcoulx, badaux, plus que n'estoient les Gots, Ny Ostrogotz, precurseurs des magotz : Haires, cagotz, cafars empantouflés, Gueux mitouflés, frapparts escorniflés, Befflés, enflés, fagoteurs de tabus ; Tirez ailleurs pour vendre vos abus.

   François Rabelais : La vie très horrificque du grand Gargantua, Chapitre 54, Inscription sur la grande porte de Thélème.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La grosse commission

 

Sale temps au Vatican… Les problèmes de santé du pape François y sont actuellement le cadet des soucis de la curie romaine ; c’est une affaire autrement plus épineuse qui met la rate des Grands de l’Église au court-bouillon. Mercredi 29 mars 2023, exprimant sans doute ce qui pourrait s’apparenter à un infime soupçon d’exaspération, le prêtre jésuite Hanz Zollner a claqué la porte de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, chargée de la lutte contre la pédo-criminalité dans l’Église catholique. Surtout, il a fait savoir pourquoi. D’autres, avant lui, avaient aussi jeté l’éponge en dénonçant « le manque de coopération au Vatican ». Il a été beaucoup plus net.

Comme on sait, les jésuites, on n’est pas fan…

En trouver un qui a une conscience : trop bien !

Les médias qualifient ses déclarations de « langage fort peu diplomatique ». Il a, paraît-il, critiqué : « le manque de clarté dans le processus de sélection de ses membres et de son personnel », la « responsabilité financière» jugée « inadéquate » les « informations insuffisantes et la communication vague » entourant le processus de décision » (TV5 Monde, 30 mars 2023). Histoire de faire couleur locale, jetons un voile pudique sur les arrière-pensées et le lexique du communiqué du cardinal américain Sean O’Malley : « […] le père Hans Zollner avait demandé à être relevé de ses fonctions en tant que membre ». En clair, ce jésuite allemand, crypto-bolchevik, répondant probablement au mot d’ordre de grève du syndicat Ver.di, refuse de cautionner l’inertie de la Commission, les mille et une manœuvres dilatoires de quelques prélats, les entraves diverses et variées des bons pères, les faux-semblants ensoutanés, les tripatouillages financiers collatéraux… Ce qui lui vaut d’ailleurs l’estime des associations de victimes.

Tout cela sent le fagot ! Néanmoins, il n’y a pas grand risque que le rétif soit fiché « S ». Au Vatican, force est de faire profil bas ; d’ailleurs, le sens de l’humour de Torquemada est un peu démodé, et avec l’inflation on économise sur le combustible.

D’un autre côté, l’amalgame avec la pensée du bon curé Meslier n’est pas permis. Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, nuit après nuit, dans le secret son presbytère des Ardennes, ce poète inspiré dressait l’acte d’accusation de l’oppression féodale et cléricale, et formulait cette tendre et naïve recommandation à méditer : « Il souhaitait que tous les grands de la Terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux des prêtres ». Mais de nos jours, des lois protègent les espèces en voie de disparition, curés pédophiles et aristos compris.

En revanche, des mauvaises langues chuchotent que la démission de Zollner survient au pire moment pour le Vatican. Un livre enquête paru récemment, laisse entendre que Karol Wojtyla, alias le pape Jean Paul II - canonisé en 2014, s’il vous plaît ! - aurait couvert des affaires de pédo-criminalité alors qu’il était cardinal de Cracovie dans les années 1970.

Comme un malheur ne vient jamais seul, les suppôts de Satan de la chaîne de télévision ARTE ont diffusé un documentaire révélant les nombreux viols de religieuses par les prêtres, partout dans le monde. Bref, cet épisode confirme s’il en était besoin que ça ne sent pas bon du tout dans la maison du Seigneur et que comme le pensent les associations de victimes et divers autres agrégats de mécréants, cette Commission vaticane est à la lutte contre la pédo-criminalité des curés ce que le yaourt est à la lutte contre le SIDA. « Laissez venir à moi les petits enfants » ? Euh ! Non.

Dominique Sénac