2024 04 19 AFFAIRE RIBES DEPOSE DE VITRAUX
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Mardi 16 avril, a eu lieu à Charly une cérémonie autour de la désinstallation des vitraux signés du père Ribes.
Au cours des années 70 à 90, ce pédocriminel décédé en 1994 avait sévi sur trois diocèses, jouant de son statut « d’artistes » pour abuser et souvent violer des dizaines de jeunes victimes (70 se sont manifestées à ce jour, d’autres ne veulent plus en entendre parler). Les faits se sont produits à l’occasion de « poses » pour la réalisation de dessins, peintures ou de vitraux restés visibles dans une dizaine d’églises de la région.
Comme le rappelait Danaï Gemet dans une lettre à la députée Delphine Goulet : « Les modèles, que nous pouvons voir reproduits aujourd’hui dans ses toiles, dont celle du chemin de croix, étaient des enfants. Lors de la réalisation de ses production Louis Ribes invitait les enfants à venir voir; évolution et les rendus de ces productions. Ce prétexte lui permettait de faire venir les enfants sur ses jambes et de les abuser et/ou violer. La réalisation de ces peintures se faisaient donc avant pendant et après les viols. Selon nos calculs les victimes devraient, être un peu plus de 300. La plus grosse affaire pédocriminelle découverte en France selon Le Nouvel Obs. »
Les victimes n’ont jamais oublié, elles ont demandé que disparaissent les traces d’un passé insupportable. A l’issue d’un long combat, les vitraux sont peu à peu retirés des églises concernées : après Dième et Ste-Catherine, c’est à Charly que le démontage est en cours, en attendant d’autres sites pour lesquels le processus est en cours. Il ne reste qu’un cas problématique : Givors, où le maire s’est opposé à la demande des victimes.
Progrès notable : alors que le diocèse ne voulait pas voir s’ébruiter cette affaire, elle doit faire aujourd’hui amende honorable, et s’est engagée à financer l’ensemble des travaux.
Comme l’a montré la Libre Pensée, elle doit, elle peut assurer l’indemnisation des victimes. Les travaux relatifs aux vitraux ne sont qu’une goutte d’eau : il reste le problème des indemnisations individuelles, pour lesquelles des progrès sont en cours. Mais sont-elles à la hauteur ? On est encore loin du compte, alors que le gouvernement français continue à se taire, ne daignant même pas répondre aux questions posées par le Comité des Droits de l’enfant de l’ONU, rappelées à deux reprises par des députés. En vain, jusqu’à présent.
Ci-dessous : le bas d’un des vitraux de Charly, où l’on distingue la signature du P. Ribes. On le comprendra, nous n’avons pas voulu reproduire l’œuvre entière.
2024 04 19 les libres-penseurs dans la Résistance
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- Écrit par BRUYERE
C’est connu, l’histoire officielle est toujours celle des vainqueurs.
C’est moins connu, l’histoire des vainqueurs est du genre taiseuse à propos de certains de ses membres.
L’histoire officielle de la Résistance en France le démontre.
Officiellement, la Résistance se résume aux Gaullistes (c’est indéniable), aux staliniens (c’est indéniable mais après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941) et aux catholiques (Dieu m’tripote, il fallait oser). Exit, donc, tous les autres résistants (syndicalistes, anarchistes, trotskistes, progressistes de tous bords et une grande masse anonyme de gens ordinaires). De ceux-là, pourtant innombrables, on ne parle jamais. Ou si peu.
Ce livre, sinon unique, du moins rarissime, leur rend un hommage qu’ils n’ont jamais demandé. Et pour cause. Contrairement aux résistants de telle ou telle circonstance ce sont des résistants de toujours et d’à toujours. Des résistants qui, aujourd’hui, continuent de résister à l’intolérable de l’exploitation et de l’oppression de l’être humain par l’être humain tout simplement parce que la guerre sociale n’est pas terminée. D’où le silence mêlé de crainte à leur encontre de la part de tous les pouvoirs dont ceux issus de la résistance officielle, celle d’hier.
Plus d’une centaine de ces braves sont répertoriés dans ce livre. Beaucoup de libres penseurs de tous horizons progressistes, mais tous et toutes des chevaliers de la pensée libre. Et c’est émouvant de découvrir certaines personnes que l’on a pu côtoyer en ignorant cet aspect de leur vie.
Sérieusement, ce livre est un livre majeur. Parce qu’il rend hommage à cette armée de l’ombre qui fut l’âme de la résistance d’hier. Parce qu’il est le fruit d’un travail de recherche historique remarquable. Et parce qu’il taille en pièce un certain nombre de mythes véhiculés par la résistance officielle. Dont celui de l’indéniable attitude collaborationniste de l’Eglise se cachant sous trois gouttes d’eau bénite résistante. Et, enfin, parce qu’il nous démontre que la Résistance ne se résume pas à hier, dans certaines circonstances, et qu’elle se poursuit aujourd’hui, y compris contre certains résistants d’hier, tiens, au hasard, qui détricotent le programme national de la Résistance au niveau social comme sociétaire.
Oléron le 18/04/24
Jean-Marc Raynaud
- Les éditions libertaires, les éditions de la Libre Pensée, 436 p, 14 €, en vente à la librairie Publico, 145 rue Amelot, 75011, Paris, et à la librairie de la Libre Pensée, 10/12 rue des Fossés St Jacques, 75005, Paris
2024 04 17 ISTRATI
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- Écrit par BRUYERE
ASSOCIATION http://lesamisdepanaitistrati.weebly.com/
« La véritable tragédie de Panaït Istrati »
Les éditions Lignes viennent de publier « La véritable tragédie de Panaït Istrati », d'Eleni Samios-Kazantzakis. Ce texte écrit pour être publié en France l’avait seulement été au Chili en 1938.
Les amateurs de littérature ont pu redécouvrir Istrati par la publication de ses « Oeuvres complètes » (sauf correspondance) aux éditions Phébus en 2006, et par la réédition dans la collection poche folio de nombreux romans.
Istrati fut mondialement connu dans les années 1920-1930, puis fut largement oublié.
Il publia au retour d'un long voyage à travers l'URSS en 1927-1929, un livre « Vers l'autre flamme » qui déchaîna la haine des staliniens contre lui.
Le livre d'Eleni Samios-Kazantzakis, relate leur voyage en URSS. Istrati est accompagné de sa compagne et d'un autre écrivain grec Nikos Kazantzakis(1) et sa femme Eleni. Ce témoignage est une évocation-souvenir, il ne s'agit pas d'un carnet de voyage écrit au jour le jour, où immédiatement après.
L'effondrement du stalinisme permettra la redécouverte de cet écrivain, grâce aux efforts de l'association des amis de P. Istrati. Pourquoi cette haine, pourquoi un black out si long ?
Le lecteur d'aujourd'hui ne connait pas forcément l'écrivain ni son parcours, il est nécessaire donc d'y revenir d'abord.
Un autodidacte, un révolté, un bourlingueur, un passionné de littérature :
Panaït Istrati né en 1884 en Roumanie. Enfant apprenti surexploité, il part un beau matin à l'aventure malgré les supplications de sa mère. Il lit beaucoup et se fait battre comme plâtre par ses patrons parce qu'après dix heures de travail il prend encore le temps de lire. Il parcourt l'Orient et l'Europe, faisant tous les boulots. Ses romans sont largement inspirés de ses expériences. A plusieurs reprises il échoue à rejoindre clandestinement le pays de ses rêves, la France. Il y parvient, mais son désespoir et sa misère sont tels en 1920 qu'il fait une tentative de suicide. Les policiers trouvent sur lui une lettre adressée à Romain Rolland, et l'envoient au destinataire qui répond et permettra au jeune écrivain de publier son premier ouvrage écrit en français en le présentant comme le Gorki des Balkans. Le cauchemar vire au conte de fée, les romans d'Istrati s'enchaînent, à partir de 1925, le succès est au rendez vous, il est publié dans le monde entier.
Octobre, un espoir pour le monde:
Istrati a raconté le choc émotionnel et l'enthousiasme qu'a suscité la révolution d'octobre 1917, pour lui, alors qu'il était en Suisse. Comme pour tous les opprimés de cette Europe à feu et à sang, c'était l'espoir de la fin du carnage, la terrible période de la capitulation des dirigeants ouvriers enfin surmontée, le soulagement puisque là bas, « ils ont osé », selon la formule de Rosa Luxemburg.
Istrati est avant tout un artiste et n'a jamais été un militant même si avant la guerre il a combattu avec les socialistes et les syndicalistes en Roumanie, puisqu'il tâta de tous les métiers. Il participa à la grève générale de 1910 et fut arrêté alors (2)). Il connaît bien le principal leader du mouvement ouvrier roumain, Racovsky, qui a organisé l'accueil en 1905 des marins révoltés du Potemkine, réfugiés en Roumanie. Il est donc dans les années 1920 un partisan de l'URSS, non pas un compagnon de route du PCF, mais un ami de la révolution ouvrière et paysanne. «L'apparition du bolchevisme me subjugua, j'y adhérais promptement le lendemain de la révolution d'octobre ».
Ses romans sont écrits en français dans une prose poétique remarquable; les personnages, les événements, les récits expriment la turbulence de la vie, l'amitié au dessus de tout, la soif de liberté, la rage contre la misère et la souffrance. Istrati se moque de toutes les écoles littéraires et n'écrit que pour crier sa soif de vivre. Un de ses romans le plus réussi et des plus poignant : « Les chardons du Baragan », paru en 1928, se déroule au moment de la révolte paysanne durement réprimée en Roumanie au début du siècle.
En 1927 Istrati est invité aux cérémonies du dixième anniversaire de la révolution Russe. Il part avec Racovsky ambassadeur à Paris, qui vient d'être rappelé et démis de ses fonctions.
Racovsky a fait partie pendant la guerre de ces socialistes comme Lénine ou Rosa Luxemburg qui ont combattu contre le grand massacre et dénoncé la trahison des dirigeants socialistes qui ont participé à l'union sacrée. Il a participé à la conférence de Zimmerwald en 1915, à la fondation de la 3ème Internationale, et il est devenu par la suite un des dirigeants du parti communiste en URSS. Il sera le premier président de la république soviétique d'Ukraine en 1919. Dès 1923 il s'oppose à la bureaucratie, et Staline pour l'écarter l'envoie comme ambassadeur à Londres puis à Paris. En 1927 il fait partie de l'opposition regroupée autour de Trotsky.
Quand il arrive en URSS, Istrati est enthousiaste et n'a pas encore mesuré que depuis 1924 un combat décisif se livre entre la direction bureaucratisée du parti bolchevik et l'opposition. Même s'il sait que Trotsky est écarté du pouvoir, il n'a aucune idée des raisons de ce revirement. Il reprochera d'ailleurs à Racovsky de ne pas lui avoir donné plus d'informations sur ce combat.
Les cérémonies officielles l'ont ennuyé, et il veut se faire sa propre idée de ce qui se passe dans le pays. Il veut voyager librement.
1927-29, années charnières :
Il suffit de donner deux repères : en 1927 Trotsky est exclu du Bureau Politique, puis exilé à Alma Ata. En 1929 tous les dirigeants de l'opposition qui n'ont pas renoncé à la lutte sont emprisonnés, Trotsky est expulsé d'URSS. C'est donc au moment où la répression s'accentue et où le pouvoir de Staline va devenir de plus en plus total, que Istrati parcourt l'URSS en long et en large, discute, multiplie les rencontres en dehors des guides et officiels. Il va s’engager dans la défense d'un écrivain et membre de l'opposition trotskyste, Victor Serge.
A son retour en France il publie un ouvrage « Vers l'autre flamme », composé de trois parties, l'une qu'il écrit, deux autres qu'il signe mais qui ont été écrites par Boris Souvarine et Victor Serge. (La première partie est publiée dans ses Oeuvres chez Phébus).
Ce livre démarre par un rappel de son rejet du capitalisme et de son hypocrisie honteuse. Il donne deux exemples de sa barbarie tirés de l'actualité lors de son séjour à Paris. Pays pourtant civilisé, pays des lumières, patrie des droits de l'homme. Il relate ensuite son voyage et ce qu'il a constaté en URSS : son aversion pour la bureaucratie qu'il a vue à l’oeuvre, en train d’étouffer les idéaux de la révolution.
Les écrivains, les journaux du PCF, et notamment Henri Barbusse, déclenchent aussitôt une campagne haineuse contre lui l'accusant d'être un agent de la Sécuritate roumaine et de Mussolini. Il faut peut-être préciser que Hitler n'est pas encore au pouvoir en Allemagne en 1930 et que la Gestapo n'existe pas, ce n'est qu'un peu plus tard que les staliniens accuseront tous ceux qui critiquent Staline dont Istrati lui-même, d'être des agents de la Gestapo.
Romain Rolland ne le défend pas et lui demande de se taire.
Cette avalanche de boue et de mauvaise foi, pèsera sur le moral d'Istrati. Les insultes sont d'autant plus violentes que dans son livre il rend hommage à Trotsky, au moment même où Staline donne la consigne de ne plus traiter l'opposition comme un adversaire politique mais comme une agence des capitalistes.
Sa tuberculose s’aggrave, il a du mal à se faire éditer, il n'est pas du genre à avoir fait des économies. Il rentre en Roumanie, poursuivi par la haine des staliniens et les agressions des fascistes. Il meurt en 1935 dans un sanatorium, non sans avoir pu écrire en 1933 deux textes d'une grande beauté : « Méditerranée lever de soleil » et « Méditerranée coucher de soleil ».
Mauriac et les catholiques tenteront une récupération, mais Istrati n'était pas du bois dont on fait les mystiques.
La rencontre du crétois et du céphalonite :
P. Istrati assiste à Moscou aux manifestations du 10ème anniversaire , note l'enthousiasme des foules, s'étonne du matraquage de l'opposition qui tente de manifester, du suicide de Ioffé, mais ne voit pas le sens du combat de cette opposition qu'il ne connait pas et dont Racovsky ne lui a pas parlé. Les opposants doivent se méfier et peuvent craindre que Istrati trop confiant dans le paradis socialiste ne les trahisse.
C'est en URSS en 1927, en voyage organisé pour les écrivains, que Istrati rencontre Kazantzakis, ils sympathisent : « Kazan » qui se nomme « le crétois » appelle Istrati « le céphalonite ». Comme toutes les amitiés d'Istrati, son amitié avec Kazan est totale, passionnée, tumultueuse. Istrati envisage de s'installer en URSS, ils décident d'aller d’abord faire de la propagande en Grèce et de revenir s'installer au pays de la révolution d'octobre, « nous allons maintenant en Grèce crier notre enthousiasme de ce que nous avons vu en URSS. Puis nous y retournerons pour y vivre, apprendre et lutter. » écrivent-ils à Staline. Très vite ils sont expulsés par la police grecque et décident de retourner en URSS avec leurs compagnes.
Le récit d'Eleni Samios-Kazantzakis :
Le récit a été écrit après coup et donne un souvenir parfois assez différent de ce que rapporte Istrati dans « Vers l'autre flamme ». Il est intéressant de les comparer.
Les voyageurs ont obtenu par Lounatcharski et Olga Kamenova (sœur de Trotsky), un permis de circuler et aller où bon leur semble. Les déplacements se font en train mais aussi dans des autos mises à leur disposition et à cheval dans le Caucase. C'est dans la joie que commence le périple, ce que traduit bien le récit. « Un homme sera le héros de ce livre … voici donc ces êtres donquichottesques en marche vers Nijni Novgorod ...». Eleni indique que souvent Istrati les abandonne pour aller discuter avec les gens au lieu de se rendre aux réceptions officielles. Il cherche à se faire une idée par lui même et va être peu à peu étonné puis choqué de la réaction de dirigeants dont le comportement ne correspond pas à ce qu'il attend de bolcheviks. Ils rendent visite à Racovsky, exilé à Astrakhan en Asie centrale. Le récit d'Eleni donne le sentiment qu'il est en bonne forme, travaillant pour le plan, et satisfait de son sort. Istrati voit l'abime entre la position de l'ambassadeur à Londres et à Paris et les difficultés terribles dans lesquelles on l'a jeté et qu'il essaye peut-être par fierté de camoufler. Il se plaint que Racovsky élude ses questions.
Eleni donne des portraits des quatre voyageurs et de leurs réactions, des anecdotes amusantes où se révèlent les personnalités de chacun. Elle note que des tensions apparaissent peu à peu entre Istrati et Kazantzakis. Elle les attribue au caractère changeant et bouillonnant d'Istrati, à ses sautes d'humeur, ce n'était pas un homme facile à vivre, elle en donne des exemples. Mais elle note aussi que l'appréciation qu'ils portent sur le régime diverge. Kazantzakis voit les mauvais cotés du pays comme un mal humain inévitable, tout n'est pas parfait mais l'avenir appartient à l'URSS. Istrati comprend que la gangrène bureaucratique est déjà bien avancée et que l'espoir d'octobre 17 est en péril. Il décide de rentrer en France alors qu'il avait prévu d'aller via la Sibérie en Chine et au Japon avec son ami. Ils se quittent sans se serrer la main.
Eleni ne donne qu'un court aperçu de l'affaire Roussakov (3) qu'elle considère comme un fait divers. Elle a une grande signification pour Istrati qui s'engage à fond pour défendre le beau- père de Victor Serge victime d'une machination qui a pour but de terroriser l'opposition. Il réussit à se faire recevoir par Kalinine, président de l'URSS, mais la veulerie de ses adversaires, le poids de la machine bureaucratique, le dégoûtent profondément.
Le récit d'Eleni est donc intéressant, en complément de celui d'Istrati dans « Vers l'autre flamme », dont il n’a pas la force. Il montre cependant le coté aventurier et passionné de l'écrivain, l'amitié tempétueuse des deux poètes, la liberté qui règne encore dans le pays sur lequel la chape de plomb stalinienne n'est pas complètement tombée.
Les annexes
Une postface donne le contexte historique et des précisions sur les personnages qui apparaissent dans le récit, Istrati et sa compagne Bilili, Nikos Kazantzakis, Victor Serge.
Une notice explique « les vagabondages d'un manuscrit » et les raisons qui ont rendu impossible sa parution en France.
Il est clair que les staliniens ont pesé de toutes leurs forces pour que Istrati soit effacé de la littérature, et le livre d'Eleni (même s'il donne une vision plutôt sympathique du régime en 1928) en présentant Istrati comme un homme sincère, passionné et révolté par ce qu'il constate, donne une image bien différente de celle que présentaient les insultes déversées par les staliniens. Et pour les bureaucrates il n'était pas question de tolérer ne serait-ce qu'une présentation un peu chaleureuse de cet écrivain, de son amertume et de sa souffrance face à la trahison de son idéal, celui de la révolution d'octobre.
Le livre présente aussi la correspondance Kazantzakis-Istrati qu'ils ont repris entre 1932 et 1935. Le « crétois » a pris l'initiative de lui écrire alors qu'il était malade et leur amitié reprend. Ces lettres sont émouvantes.
Il contient ensuite des lettres envoyées par Victor Serge à Panaït Istrati qui montre la dégradation rapide de sa situation en URSS avant son arrestation en 1931.
En redonnant des morceaux de vie de ce grand écrivain, l'édition du livre d'Eleni Samios-Kazantzakis, pour la première fois en France, donnera aux passionnés de littérature envie de lire ou relire Panaït Istrati, de connaître son parcours.
…..
- Nikos Kazantzakis, écrivain grec, 1883-1957, connu pour son roman Zorba le grec qui fut transposé à l'écran .
- « Le congrès socialiste en 1912, sur la proposition de Racovsky – malgré que mauvais cotisant – me nomme administrateur de l'Ecriture socialiste, puis rédacteur, puis secrétaire du syndicat du port Braila, mais je passe par tous ces postes comme le chat dans l'eau. » Autobiographie 1923.
- Affaire longuement présentée dans le livre « Vers l'autre flamme ». Roussakov, vieux militant du mouvement ouvrier, est victime d'une campagne de calomnies dans la presse. Istrati fait de nombreuses démarches pour le défendre, avec Victor Serge qui est son gendre, et à cette occasion se heurte de front au système bureaucratique.
2024 04 17 ECHOS DES BENITIERS
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- Écrit par BRUYERE
Questions matrimoniales
La bande de Gaza fait partie de la Palestine, terre réservée de tous temps aux seuls concitoyens de M. Netanyahou. Ce fait positif est attesté par le texte de la Bible, dont l’auteur n’est autre que l’Eternel en personne (alias « Astaroth » Dieu des Armées).
Cet auteur a justifié par avance l’envoi des bombes sur Gaza, bombes qui sont autant de dons du Ciel.
Comme c’est lui qui fait la Loi, il nous a paru utile de rappeler quelques règles de morale. En effet la Bible n’est pas toujours facile à interpréter.
Un jour, une célèbre animatrice radio états-unienne fit remarquer que l'homosexualité était une perversion.
« C'est ce que dit la Bible dans le livre du Lévitique, chapitre 18, verset 22 : Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination.
- La Bible le dit, un point c'est tout » affirma-t-elle.
Quelques jours plus tard, un auditeur lui adressa une lettre :
« Merci de mettre autant de ferveur à éduquer les gens à la loi de Dieu.
J'apprends beaucoup à l'écoute de votre programme et j'essaie d'en faire profiter tout le monde. Mais j'aurais besoin de conseils quant à d'autres lois bibliques.
Par exemple, je souhaiterais vendre ma fille comme servante, tel que c'est indiqué dans le livre de l'Exode, chapitre 21, verset 7. À votre avis, quel serait le meilleur prix ?
Le Lévitique aussi, chapitre 25, verset 44, enseigne que je peux posséder des esclaves, hommes ou femmes, à condition qu'ils soient achetés dans des nations voisines. Un ami affirme que ceci est applicable aux Mexicains, mais pas aux Canadiens.
Pourriez-vous m'éclairer sur ce point ? Pourquoi ne puis-je pas posséder d'esclaves canadiens ?
Je sais que je ne suis autorisé à toucher aucune femme durant sa période menstruelle, comme l'ordonne le Lévitique, chapitre 18, verset 19.
Comment puis-je savoir si elles le sont ou non ? J'ai essayé de le leur demander, mais de nombreuses femmes sont réservées ou se sentent offensées.
J'ai un voisin qui tient à travailler le samedi. L'Exode, chapitre 35, verset 2, dit clairement qu'il doit être condamné à mort. Suis-je obligé de le tuer moi-même ? Pourriez-vous me soulager de cette question gênante d'une quelconque manière ?
Autre chose. Le Lévitique, chapitre 21, verset 18, dit qu'on ne peut pas s'approcher de l'autel de Dieu si on a des problèmes de vue. J'ai besoin de lunettes pour lire. Mon acuité visuelle doit-elle être de 100% ?
Serait-il possible de revoir cette exigence à la baisse ?
Un dernier conseil : mon oncle ne respecte pas ce que dit le Lévitique chapitre 19, verset 19, en plantant deux types de culture différents dans le même champ.
Idem pour sa femme, qui porte des vêtements faits de différents tissus, coton et polyester.
De plus, mon oncle passe ses journées à médire et à blasphémer. Est-il nécessaire d'aller jusqu'au bout de la procédure embarrassante de réunir tous les habitants du village pour lapider mon oncle et ma tante, comme le prescrit le Lévitique chapitre 24 versets 10 à 16 ?
On ne pourrait pas plutôt les brûler vifs au cours d'une réunion familiale privée, comme ça se fait avec ceux qui dorment avec des membres de leur belle-famille, tel qu'il est indiqué dans le livre sacré, chapitre 20, verset 14 ?
Je me confie pleinement à votre aide. Merci de nous rappeler que la parole de Dieu est éternelle et immuable. Un point, c'est tout ! »
2024 04 17 TRIBUNE LIBRE LES ECOLES DE L AN DEUX
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- Écrit par BRUYERE
Les écoles de l’An III
En ce début prairial de l’An CCXXXII de la République, il n’est pas inutile de rappeler qu’après l’An II …vint l’An III. Evidemment. Année remarquable par l’ampleur des tâches accomplies par la Convention. Parmi ces réalisations : la création des grandes écoles de la République.
Mardi 5 décembre, Gabriel Attal dévoilait son plan pour un « choc des savoirs » visant à « élever le niveau de notre école ». Conséquences du plan ? Nombreuses et désastreuses, mais notons la fermeture de classes préparatoires aux grandes écoles dans plusieurs académies. Dès le 6 décembre, des centaines d’étudiants et de professeurs de CPGE étaient rassemblés devant le ministère pour exiger le maintien des classes préparatoires de plusieurs lycées parisiens.
Un représentant du ministère expliquait : « Quand nous parlons d’exigence des savoirs, d’excellence à l’école, nous pensons évidemment aux classes préparatoires. C’est un modèle dont nous pouvons être fiers, car il porte une idée de l’excellence des savoirs à laquelle nous sommes attachés ».
Traduction en bon français à partir de l’original formulé en novlangue : « La politique d’austérité imposée par le gouvernement à coup de 49 ter programme la suppression de 2 500 postes à la rentrée 2024. Il faut trouver dans quels secteurs cela se verra le moins. En plus, en nous en prenant aux CPGE, coup double : on ouvre une voie royale pour le privé. » On peut aussi se demander si cela n’a rien à voir avec nos grandes écoles.
Les grandes écoles de l’An III pour mémoire :
Polytechnique – Créée le 7 vendémiaire (28 septembre 1794), Polytechnique (ou « X ») recrute les jeunes scientifiques les plus brillants. Le concours d’entrée compte parmi les plus difficiles parmi ceux qui sont proposés à la préparation des CPGE. Elle est l’une des sept grandes écoles militaires françaises. « Jouissant d'un grand prestige dans l'enseignement supérieur en France, l'École polytechnique est souvent associée à la sélectivité, à l'excellence académique, mais aussi à l'élitisme et à la technocratie qui sont sources de critiques depuis sa création. » (citation Wikipedia) Elle a le statut d'établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Insistons : établissement public.
Normale sup – Créée le 9 brumaire (30octobre 1794), c’est l’établissement de la rue d’Ulm. Depuis le début du XXème siècle, quatorze anciens pensionnaires ont décroché le Nobel, et onze une médaille Fields. Les élèves passent leurs diplômes à l’université, trouvant conseil et assistance auprès des enseignants, ainsi que des moyens d’étude exceptionnels dans cet établissement qui a la particularité de ne pas délivrer de diplôme.
Arts et métiers – Créée le 19 vendémiaire (10 octobre 1794), le Conservatoire national des arts et métiers était à l’origine un dépôt de machines où étaient organisés des cours du soir, de niveau élevé, où de simples ouvriers, même non-bacheliers, pouvaient se perfectionner. Depuis 1922, ils peuvent accéder au diplôme d’ingénieur. La devise du Cnam est Docet omnes ubique qui signifie « il enseigne à tous et partout ».
Langues orientales – Créée le10 germinal (30 mars 1795) Cette école où sont enseignées plus de 81 langues rares non européennes. « Langues O' » est le nom donné depuis des générations à l’École spéciale, puis royale, puis impériale, puis nationale, des langues orientales de Paris. Parmi les anciens élèves, on compte de nombreux enseignants-chercheurs, linguistes et diplomates.
Conclusion : S’il y eut un moment dans notre histoire où on aurait pu parler d’un véritable « choc des savoirs », c’est bien sous la Convention, mais pas sous la présidence de M. Macron et encore moins sous le ministère Attal. Il suffit de comparer !
2024 05 24 ADMD
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- Écrit par BRUYERE
« Nous choisissons de nous allier pour constituer une force progressiste et républicaine.
Nous nous retrouvons sur la base de valeurs et de convictions communes et en appelons :
- Au respect de la liberté de choisir et d’agir des personnes, de façon éclairée et sans pression.
- À l’effectivité des droits des personnes en situation de fin de vie, en particulier : l’accès aux soins palliatifs sur tout le territoire en termes d'égalité, le respect des directives anticipées et des volontés exprimées.
- À la légalisation d’une aide active à mourir pour les personnes atteintes d’une maladie grave et incurable qui, en conscience et librement, la demanderaient.
Il importe qu'en France, chaque personne ait le droit et puisse réellement décider et faire respecter son libre choix de parcours de vie jusqu’au bout. »
Extrait du Pacte progressiste, signé le 20 mars 2023 par 18 organisations et constitué au 15 novembre 2023, par vingt-six associations, autour de MGEN et de l’ADMD dont les présidents, Matthias Savignac et Jonathan Denis, sont les deux co-porte-paroles.
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité,
La Mutuelle Générale de l’Education Nationale
La Fédération du Rhône de la Libre Pensée
Le Groupe de Villeurbanne de la Libre Pensée
Avec
Jean Louis TOURAINE
Professeur émérite de médecine,
Député honoraire,
Membre du Comité d’honneur de l’ADMD,
Auteur de l’ouvrage « Donner la vie, choisir sa mort, pour une Bioéthique de liberté », aux Editions Erès
Dominique GOUSSOT
Vice-Président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée,
Animateur de sa Commission juridique.
Fabien LAPERRIERE
Mutuelle Générale de l’Education
Vous invitent à débattre le 24/05/2024 à 19 H
Salle des conférences, au Palais du Travail, Place Lazare-Goujon, à Villeurbanne
2024 03 ECHO BENITIERS
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- Écrit par BRUYERE
C’est dans l’institution militaire que résonnent nos échos de germinal.
Cet article est dédié à l’actuel chanoine du Latran.
Il existe à Versailles une chapelle animée par l'association canonique Saint Jean Bosco, Cette chapelle « Notre-Dame des Armées » offre à ces fidèles une vie quasi-paroissiale et où on célèbre encore la liturgie romaine de 1962.
Cette chapelle est le lieu où la Vierge Marie, accompagnée de St Michel et de Ste Thérèse, est apparue et a parlé à une certaine Marcelle Lanchon, 23 ans, devenue depuis « vierge consacrée ». C’était le 8 septembre 1914, fête de la Nativité, mais aussi journée glorieuse sur le plan militaire puisqu’au même moment la Vierge arrêtait les Allemands sur la Marne, aux portes de Paris.
On voit que la Vierge Marie avait clairement choisi d’aider les Français.
"Si, en union avec mon divin Fils, j'aime toutes les nations qu'il a rachetées de son Sang, vois comme je chéris particulièrement ta chère patrie. Mon Fils désire que l'on fasse des images et des statues me représentant ainsi, et qu'on m'invoque sous le vocable de Reine de France. Si l'on répond à ce nouveau désir de son divin Cœur, la France redeviendra tout particulièrement mienne. Je la prendrai à jamais sous ma maternelle protection et mon Fils se plaira à répandre sur elle d'abondantes bénédictions."
la Vierge se manifesta à nouveau en 1916, deux ans jour pour jour après son apparition à Marcelle Lanchon. L’évêque de Versailles approuva officiellement la « Pieuse union des Adoratrices du Sacré-Cœur » et permit d’imprimer l’image de « Marie Reine de France », ainsi que le texte de la prière révélée au cours des apparitions.
S’il n’y eut jamais de suite canonique définitive, c’est peut-être que la Vierge n’avait pas tenu toute ses promesses. Après 1918, il était difficile d’invoquer ses abondantes bénédictions. Sauf peut-être aux négociations du traité de Versailles. Il est vrai que la Vierge y était chez elle.
Les trois secrets de Fatima
Comme la Vierge Marie se plaît à prendre la parole aux moments des guerres, un mot sur Fatima :
Fatima, c’est toute une histoire, trop longue à raconter dans le cadre de ces Echos. Revenons simplement sur les fameux « secrets » révélés par la Vierge Marie à trois petits bergers illettrés, en 1917 au Portugal.
Le 13 octobre 1917, elle annonça à la petite Lucia que la guerre mondiale était enfin terminée, depuis le dimanche précédent. Comme quoi il est parfois difficile, même à la mère de Dieu, de prédire le présent. Les foules ne sont pas rancunières et se pressent encore de nos jours au sanctuaire de Fatima.
Pour le 2ème secret, on en a un résumé et un jugement sans appel dans ce que disait le théologien italien Enzo Bianchi dans la Repubblica : « Un Dieu qui pense révéler en 1917 que les chrétiens seront persécutés et qui ne parle pas de la Shoah et des six millions de juifs n’est pas un Dieu crédible. » Et voilà Dieu habillé pour l’hiver.
Car pour l’Eglise catholique, c’est toujours Dieu qui parle, pas d’embrouille.
Le 3ème secret ne devait être révélé qu’après 1960, et on sait que le pape ne jugea pas opportun d’en publier le texte, écrit en portugais dialectal. Le secret n’a été révélé qu’en mai 2000. On apprit donc que c’est la Vierge Marie qui déjoua l’attentat perpétré contre le pape Jean-Paul II le 13 mai 1981. Pour la précision de l’événement, il ne faudra pas être trop regardant : la victime est désignée comme « l’évêque vêtu de blanc », ce qui est digne de Nostradamus. On ne comprend pas pourquoi il n’aurait pas fallu attendre le 14 mai au matin pour annoncer au mode la révélation, c’était vraiment le bon moment !
Mais la révélation du 3ème secret est restée un bide, entraînant la consternation jusque dans les rangs catholiques. Ainsi le dominicain Jean Cardonnel, dans une tribune du Monde (3 juin 2000) déclarait intolérable d’entendre « que la Sainte Mère de Dieu ait pu détourner les balles faites pour tuer le pape alors qu’elle n’aurait pas levé le petit doigt pour arrêter l’extermination de millions de juifs et la traite ignoble de millions de noirs. »
Jean-Paul II n’a jamais désavoué Fatima, tout en gardant une certaine distance. Il déclarait dix-neuf ans plus tard : « je désire une fois de plus célébrer la bonté du Seigneur envers moi, quand, durement frappé ce 13 mai 1981, je fus sauvé de la mort. »
Le pape François s’est rendu à Fatima lors des JMJ, le 5 août 2023. La presse a relevé qu’il avait créé la surprise « en choisissant d’éviter totalement le thème de la guerre, dans un lieu pourtant hautement symbolique, où trois voyants trois voyants disent avoir entendu la Vierge leur demander de consacrer la Russie au cœur immaculé de Marie. » Prudence à tous les niveaux.
En attendant la prochaine révélation, le fait est là : les apparitions de la Vierge sont toujours reconnues par l’Église !
2024 03 NON AU SNU !
- Détails
- Écrit par BRUYERE
NON AU SNU !
l'activité du Collectif lyonnais sur https://collectiflyon69contrelesnu.blogspot.com/ et des mots d'ordre pour mobiliser !
SNU : 2000 euros par élève
Oui aux voyages scolaires !
Non au service militaire !
2000 € c’est ce que coûterait le SNU par lycéen. Cela représente une somme énorme qui serait prise sur le budget de l’Éducation nationale. Or l’Enseignement manque de tout, et avec 2000€ on pourrait, par exemple, financer des voyages scolaires pour tous les élèves (et aussi plus d’enseignants).
Parfois en garde à vue,
Jamais au garde à vous !
Non au SNU !
C’est parce que le gouvernement juge la jeunesse indisciplinée, parce que les jeunes se révoltent trop souvent, que le gouvernement veut leur inculquer l’esprit d’obéissance. Mais la jeunesse a le droit de s’inquiéter pour son avenir et de critiquer les politiques qu’on veut lui imposer. C’est contre cette résistance spontanée de la jeunesse que le gouvernement combine la volonté de discipliner la jeunesse et la répression (garde à vue, …).
Le SNU, tu as le droit de le refuser !
(même sans stage)
Le gouvernement fait pression pour que tous les lycéens de Seconde fassent le SNU. Mais il ne peut le leur imposer. Alors il ruse, il manœuvre : il impose un stage d’observation en entreprise en fin de Seconde, que beaucoup de lycéens auront du mal à trouver et il prétend alors leur imposer une alternative : remplacer le stage par le SNU. C’est un moyen d’obliger un grand nombre de lycéens à faire le SNU alors qu’il n’est pas obligatoire. 1
Stage, SNU… ou Liberté : tu as le droit de choisir !
Le SNU n’est pas obligatoire. Seul le stage d’observation le serait. Mais si un lycéen ne trouve pas de stage ?
Si le gouvernement est incapable de trouver des stages qui conviennent aux lycéens, le lycéen est alors en droit de réclamer de rester libre : Ni stage, ni SNU !
1 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048480858