ÉDITORIAL

 

Du terrorisme intellectuel

 

Il y a 150 ans, la Commune de Paris procédait à la séparation des Églises et de l’État. Le budget des cultes était supprimé, le 2 avril 1871, soit 34 ans avant la loi historique de 1905, qui établissait la séparation définitive des Eglises et de l’Etat.

Les communards étaient honnis par toute la réaction ameutée autour du gouvernement versaillais. Aujourd’hui, sur ce point-là au moins, personne ou presque ne conteste qu’ils étaient en avance sur leur temps.

L’œuvre démocratique et sociale de la Commune ne s’arrête pas là. L’aspect social à lui seul mériterait de longs développements. Mais la Commune s’est appliquée aussi à garantir les libertés fondamentales découlant de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789. Aux termes de l’article 11 de ce texte fondateur « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »

Sommes-nous là encore, comme sur la question laïque, en phase avec l’actualité ? La réponse est claire : la loi de sécurité globale, votée le 15 avril dernier, limite la liberté de la presse, étend les pouvoirs des polices municipales, légalise l’usage des drones à des fins de surveillance de la population et insère les officines de sécurité privée dans le « continuum » de la sûreté publique.

Le 2 décembre 2020, le gouvernement publiait trois décrets donnant à la police le droit de conserver dans des fichiers numérisés des informations sur « des signes physiques particuliers » et les « opinions politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales » des citoyens, pour mener des enquêtes administratives dont rien n’indique qu’elles se limiteront à la lutte « contre le terrorisme ». Quatre syndicalistes de la CGT, de Force Ouvrière, de la FSU et de Solidaires, avec l’appui de la FNLP engagée dans le collectif contre la loi de sécurité globale, ont d’ailleurs initié une pétition demandant l’abrogation de ces décrets. Cette pétition, accessible sur le site de la FNLP, a déjà rencontré un écho considérable.

Les mœurs décadentes de la sphère politique moderne ne se limitent pas à l’élaboration de cet arsenal législatif. En quelques semaines, n’avons-nous pas assisté : à une tentative d’interdiction d’un syndicat étudiant (l’UNEF) ?

À la participation d’un ministre de l’intérieur à une manifestation politique de la police tournée contre les positions d’un de ses collègues au gouvernement ?

À la plainte déposée par ce même ministre de l’Intérieur contre une journaliste-candidate (Audrey Pulvar) qui avait émis des réserves sur le cadre de ladite manifestation ?

À une nouvelle tentative d‘assimilation de l’antisionisme à l’antisémitisme (30 députés se déclarant partisans d’une loi l’interdisant) ?

Au drapeau israélien flottant sur la mairie de Nice, au moment où les bombes écrasaient Gaza ?

Peu importe que des milliers de manifestants réclament l’arrête des bombardements. On les accuse en termes à peine voilés de vouloir « importer la guerre en France » !

Peu importe que leur revendication soit celle d’un seul Etat laïque et démocratique au Proche-Orient : la laïcité dont tout le monde se réclame ne serait qu’un slogan ou une « particularité française » sans valeur dans les autres parties du monde !

Peu importe qu’il existe une résistance juive au sionisme, incarnée par des personnalités aussi admirables que Pierre Vidal-Naquet, Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, Hephzibah Menuhin (sœur de Yehudi, qui épousa un survivant des camps de concentration) et bien d’autres qui continuent de se réclamer d’un antisionisme lucide!

Peu importe que l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) soit présente lors des manifestations, qu’elle ait lancé une levée de fonds pour permettre de survivre aux réfugiés, qu’elle s’indigne d’une guerre coloniale dont le peuple juif, d’une certaine façon, est autant victime que le peuple palestinien !

« Nous sommes Juifs, héritiers d’une longue période où la grande majorité des Juifs ont estimé que leur émancipation comme minorité opprimée, passait par l’émancipation de toute l’humanité », écrivent ses représentants.

Devraient-ils avoir honte ? Tomber sous le coup de la loi ? Nous sommes fiers d’être avec eux. 

P.G.

 

 

 

 

 


POUR QUE TUNAL PUISSE RETROUVER SA LIBERTÉ ET RENTRER EN FRANCE !

Tuna Altinel, enseignant-chercheur en mathématiques à Lyon I, travaille en France depuis 25 ans. Le 12 avril 2019, en vacances chez lui à Istanbul, il a vu son passeport saisi à sa descente d’avion. Incarcéré le 11 mai 2019, après plus de 80 jours en prison, il a été acquitté en janvier 2020 des accusations fantaisistes de « terrorisme ».

« Citoyen d’honneur » de la ville de Villeurbanne, il est l’objet d’une campagne de mobilisation internationale. Deux ans après son arrestation, la mobilisation ne faiblit pas ! Le 11 mai 2021 a marqué le deuxième anniversaire de son incarcération. La Libre Pensée salue la mobilisation en cours et continuera d’informer sur les suites de cette campagne.

Communiqué « La Plume noire » (Communiqué de la Fédération du Rhône)

La Libre Pensée du Rhône a pris connaissance avec effroi de l’odieuse agression perpétrée contre la librairie « La Plume noire », en pleine journée, samedi 20 mars, alors que se déroulait une opération de collecte solidaire au bénéfice d’une association. Elle exprime sa sympathie et son soutien aux responsables de la librairie.

Les images filmées par les riverains parlent d’elles-mêmes : jets de pavés, bris de glaces, tentative d’intrusion, insultes homophobes menaces et saluts nazis. Ce n’est pas la première fois que la librairie est victime de violences : début d’incendie en 1997, bris de vitrines en 2016, coups portés contre des bénévoles en 2020. Les responsables ne semblent pas avoir été spécialement recherchés ni inquiétés. Pour les responsables de la librairie, « cette attaque est le signe que les éléments les plus virulents, les plus violents, ne se sentent désormais plus tenus par l’image du groupe qu’il ne fallait pas écorner ».

La Libre Pensée constate que cette agression a lieu dans le climat délétère d’atteintes aux libertés individuelles et collectives formalisées dans les lois liberticides en cours de validation dont elle demande le retrait : loi sur la « sécurité globale », loi sur le « séparatisme », parmi bien d’autres mesures.  Dans cette voie, sera-t-il encore possible, demain, d’exprimer une pensée indépendante, une sensibilité différente ? L’agression commise à l’encontre de la librairie « la Plume noire », de sensibilité nettement libertaire, augure mal de l’avenir.

 Le retrait des projets de loi liberticides serait la meilleure réponse à apporter aux apprentis-nazillons, quels qu’ils soient, autorisés ou interdits.

Congrès de la Fédération – samedi 19 juin, Hôtel des Associations

L’AG élective (convoquée à 14H30) sera précédée d’une AG de l’Association Laïque des Amis des Monuments Pacifistes du Rhône, en complément de l’assemblée du 20 avril. Elle concerne les adhérents de l’ALDAMPR, mais reste ouverte bien sûr à tous ceux qui souhaitent adhérer.

L’AG du 19 juin comportera un point particulier : l’AG élective à l’association « Entraide & Solidarité », dont tous les adhérents LP sont membres de droit. Ce sera le moment d’informer sur cette structure trop méconnue dans notre fédération, sur ses buts et ses moyens.

       

10-12, rue des Fossés Saint-Jacques 75005 PARIS

Aidez votre association

Devenez membre bienfaiteur

En allant sur notre site : https://www.entraideetsolidaritelibrespenseurs.org  Ou bien en adressant le mandat, ci-dessous, accompagné d’un RIB à l’adresse de l’association.

‘‘Libre penseuse, son conjoint dépendant est en EHPAD’.

ENTRAIDE ET SOLIDARITE

lui vient en aide chaque mois’’

 

 

Les demandes d’aide, de conseil sont à adresser au Président de Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France10-12, rue des Fossés-Saint-Jaques 75 005 PARIS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 Sur la loi "SÉPARATISME"

sans attendre le vote du projet de loi « Séparatisme »,

le gouvernement s’en prend À la FÉDÉRATION des centres sociaux

 

Madame la Secrétaire d’Etat à la jeunesse veut mettre la Fédération des Centres Sociaux au pas. Un avant-gout de ce qui attend les associations de notre pays avec la loi « Séparatisme » et la tentative d’imposer un « Contrat d’engagement républicain ».

 

   Sans attendre le vote de la loi dite de ''renforcement des valeurs de la République », la Fédération des Centres Sociaux est mise en cause dans un rapport de l'Inspection Générale de l'Education. Cette inspection a été réalisée à la demande de la Secrétaire d’État à la jeunesse, après une rencontre avec des jeunes du Réseau Jeunes des Centres sociaux.

   Rencontre qui selon la Croix du 23 mars 2021 « s’était déroulée dans une atmosphère tendue ».     La Secrétaire d’État était venue exposer la conception de la laïcité du gouvernement à près de 200 jeunes qui lui ont, semble-t-il, dit ce qu'ils avaient sur le cœur.

   Selon le même journal : « Les jeunes participants opposèrent à son plaidoyer pour la laïcité les discriminations dont beaucoup, notamment de religion musulmane, se disaient victimes …

   Selon les trois hauts fonctionnaires, la FSCF qui se réfère à un certain nombre de textes comme la charte de la laïcité de la Caisse nationale des allocations familiales, "n’a pas suffisamment mis en valeurs auprès des jeunes son engagement pour la laïcité"  Au registre des constats étaient relatées des expériences qui "toutes négatives, font état de discriminations vécues au quotidien" relève le rapport. "Pêle-mêle figurent dans cet inventaire les insultes à caractère raciste, les contrôles de police jugés répétitifs et injustifiés, l’interdiction de porter des signes religieux au lycée… Il n’y a aucun élément présenté dans ce document comme un point positif, à l’exception de la liberté offerte aux jeunes femmes musulmanes de venir voilées au centre social." … Les auteurs soulignent le choix d’une association chargée d’animer ces journées qui avait décidé d’aborder le thème des religions sous l’angle des discriminations. "Les questions posées étaient présentées de façon non neutre mais biaisées et induisaient une posture victimaire et des propositions sous forme de revendications". Ils reprochent à la Fédération de ne pas avoir apporté "un certain nombre de repères théoriques préalables qui auraient été de nature à enrichir la réflexion" et d’avoir eu "une gestion confuse de la rencontre entre les jeunes et la secrétaire d’État" ».

   Par ailleurs, dans une interview accordée au Journal du dimanchele 21 mars 2021, titré « La ministre Sarah El Haïry au JDD : "Pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République" », la secrétaire d’État pour qui la FCSF n’a pas été à la hauteur de ses engagements sur la laïcité, dit vouloir faire évoluer les règles d’attribution de l’agrément jeunesse et éducation populaire ; rappelle que cet agrément qui, une fois obtenu, n’est jamais remis en cause, ne serait à l’avenir attribué que pour huit ans et indique que la réforme sera mise en œuvre dans le cadre de la loi « confortant le respect des principes républicains » et va, plus largement, imposer un « contrat d’engagement républicain» à toutes les associations 1901 qui reçoivent des aides publiques.

   C’est la suppression de la subvention qui attend les récalcitrants menacés d’être mis au ban, taxés d’ennemis de la République.

   La Fédération s’est donc vu reprocher de n'avoir pas suffisamment canalisé (censuré ?) l'expression de ces jeunes. C'est une bien curieuse conception de la laïcité. La Secrétaire d’État a réaffirmé à cette occasion que ce genre de problème sera réglé par la signature du "Contrat d'engagement républicain" prévu par la loi dite de ''renforcement des valeurs de la République".

On vérifie là le but de la loi « Séparatisme » appuyée sur le projet de loi dite « de Sécurité globale » : mettre au pas les associations et la fonction du dit "Contrat d'engagement républicain".

On sait par ailleurs que grâce aux décrets de « Noël » 2020, l’Etat peut ficher les militants associatifs, syndicaux, espérant rendre encore plus difficile la résistance, indispensable, à la remise en cause des libertés, réduire autant que possible la capacité de revendiquer, de défendre nos associations, nos syndicats.

Xavier HYVERT


 

 

 

Le communiqué (reproduit, ci-dessous), mesuré au demeurant, de la Fédération, me semble devoir rencontrer, un total soutien.

A la suite de ce communiqué, la Fédération à mis sur son site les observations suivantes qui éclairent sur les intentions du gouvernement : « La FCSF a reçu il y a quelques jours le rapport final de l’Inspection diligentée après le Réseau jeunes des centres sociaux de 2020. Nous avons publié un communiqué à ce sujet. Celui-ci comportait, dans ses annexes, les observations contradictoires que la FCSF avait souhaité apporter suite à la transmission d’une version provisoire du rapport, adressée par l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche. Nous avons été très surpris par la mise en accès libre, sur le site du Ministère de l’Education nationale, du rapport final, sans que nous en ayons été informés au préalable, alors qu’il nous était demandé de ne pas communiquer ce document. Pire, nous avons été choqués de constater que la version mise en ligne avait été tronquée des observations contradictoires de la FCSF. La FCSF fait donc le choix de diffuser ces observations contradictoires en respectant un principe d’anonymisation de certaines informations. Nous n’avons pas l’intention de relancer une polémique, simplement de rétablir un peu d’équité dans l’accès à l’information. »

Après la Fédération, ce sont tous les Centres Sociaux, toutes les associations qui sont visées. C'est la liberté d'expression qui est mise en cause. La liberté d'expression bafouée, il sera interdit aux Centres sociaux d'élaborer tout projet associatif conforme au besoin de la population de leur quartier. C’est la liberté d’association elle-même instaurée par la loi de 1901 qui sera bafouée.

Le « contrat d’engagement républicain » sera la condition à l’aide publique pour des associations comme les centres sociaux qui défendent : « Dignité humaine, solidarité et démocratie : ces trois valeurs sur lesquelles se fondent la FCSF et les centres sociaux sont incarnées dans nos approches et pratiques.

Notre réseau agit pour une démocratie vivante et renouvelée dans laquelle les habitants ont une place, peuvent agir et peser sur les décisions, développer leur pouvoir d’agir en partant de ce qui est important pour eux…

Notre réseau promeut, renforce, recrée du lien social, familial, générationnel. Il invente de nouvelles formes de solidarité, développe l’action et la mobilisation collectives pour construire une société avec plus de justice sociale et moins d’inégalités. Surtout, il s’attache à la reconnaissance de la dignité humaine, dans ses postures d’accueil, d’écoute, de respect, de reconnaissance laïque de la pluralité des croyances, de refus des préjugés. »

BAS LES PATTES DEVANT LA FÉDÉRATION DES CENTRES SOCIAUX, BAS LES PATTES DEVANT LES ASSOCIATIONS, RETRAIT DU PROJET DE LOI « SÉPARATISME »,

REFUS DU CONTRAT D’ENGAGEMENT RÉPUBLICAIN

Xavier HYVERT, membre du bureau de la Fédération du Rhône de la Libre Pensée

 

Communiqué de la FCSF, 22 mars 2021

A propos du Rapport final de l’Inspection Générale de l’Education, du Sport et de la Recherche sur le Réseau Jeunes des centres sociaux d’octobre 2020 -

 

« La Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France [FCSF] a reçu ce vendredi soir les conclusions finales du rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche, suite à l’inspection que la Secrétaire d’État en charge de la jeunesse et de l’engagement a diligentée après sa participation au Réseau Jeunes national des centres sociaux en octobre 2020.

Outre une stratégie de communication médiatique déployée dès dimanche par la Secrétaire d’État, ce rapport final et ses recommandations apparaissent, malheureusement, à l’image des craintes que la FCSF avait pu formuler auprès de l’Inspection :Orientés, avec une approche de l’Inspection qui s’est placée sous le point de vue de la Secrétaire d’État, interrogeant systématiquement l’approche de la FCSF et jamais le positionnement de la Secrétaire d’État lors de cette rencontre - Empreints de confusions et de mauvaises interprétations sur le thème, les processus pédagogiques et le déroulement du Réseau Jeunes, - Inquiétants, car il réinterroge clairement l’éducation populaire, ses acteurs, ses méthodes, et plus largement les libertés associatives.

La FCSF, son réseau et ses partenaires souhaitent se donner le temps d’une analyse approfondie du rapport final et de ses recommandations, avant de communiquer plus largement et d’envisager les suites à leur donner.

Dans une période où notre société est confrontée à une grave crise sociale – les centres sociaux agissent au quotidien pour maintenir le lien social et accompagner les plus vulnérables – et est traversée par les débats politiques autour des questions de séparatismes et de laïcité, la FCSF refuse d’être instrumentalisée, et avec elle l’ensemble des acteurs de l’éducation populaire et du mouvement associatif. La FCSF rappelle enfin que depuis plus de 100 ans, son réseau de 1300 centres sociaux, agit partout en France pour promouvoir les valeurs de démocratie, de solidarité et de dignité. Ferments de cohésion et de lien social, acteurs d’une démocratie vivante et d’une société plus juste, les centres sociaux incarnent au quotidien les valeurs de notre République, sans rien concéder sur la laïcité. »

 

 

 La commune a lyon

 

30 avril – 1er mai 1871 : Le massacre de la Guillotière

Fin de la Commune de Lyon

 

Il y a 150 ans…

Ces événements avaient quelque peu disparu de la mémoire lyonnaise. Si la Commune lyonnaise ne peut se comparer à celle de Paris, Lyon a été le théâtre d’une intense agitation républicaine à connotation de plus en plus révolutionnaire.  La municipalité issue du soulèvement du 4 septembre 1870 est constituée essentiellement de républicains modérés. Elle est appuyée de différents « comités » où l’élément populaire n’est pas absent.

La tension entre les tenants de l’ordre et ceux d’une République « sociale » ira croissant.  C’est à la fin du mois de mars que le divorce entre ces tendances opposées apparaît clairement, après le déclenchement de l’insurrection parisienne. Les murs de Lyon se couvrent d’affiches appelant à soutenir la Commune de Paris. 

Un mois plus tard, cet épisode s’achève par le massacre de la Guillotière.

Il n’est commémoré que par une fresque – trop peu visible et sans texte explicatif - située avenue Berthelot, à hauteur de la place Jean Macé. La Libre Pensée, en lien avec l’IHS-CGT et l’association des Amis de la Commune, avec l’appui de la LDH, a demandé l’installation d’une plaque commémorative sur les lieux du massacre. Elle devrait être placée sur le mur de l’ancienne mairie, grâce à un financement citoyen qui sera prochainement lancé.

Cette plaque reproduirait la gravure ci-dessous – sans nos explications - suivie du texte en encadré.

                

                           Grand’Rue de la Guillotière                            Rue de Marseille

Barricade du Cours de Brosses               Mairie de la Guillotière                          La pharmacie, devenue

 (aujourd’hui Cours Gambetta)                (à l’époque 3ème arrdt)            « Grande Pharmacie lyonnaise »

 

(Actuelle place Gabriel Péri)

 

 

 

 

EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA COMMUNE DE LYON,

SOLIDAIRE DE LA COMMUNE DE PARIS DE 1871,

POUR SON PROGRAMME DE PROGRÈS DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL

Le 4 septembre 1870 à 9 heures du matin, soit quelques heures avant Paris, le drapeau rouge flotte sur l’Hôtel de Ville comme « signal de la patrie en danger ». Un Comité de Salut Public de citoyens assure le fonctionnement de la ville de Lyon ; il rassemble des républicains de toutes tendances et bénéficie du soutien des classes populaires. Il veut faire reconnaître la souveraineté municipale et la Commune de Paris.

Le conseil municipal n’est pas opposé sur le fond mais refuse de partager son pouvoir.

L’Assemblée Nationale qui siège à Versailles, pour reprendre le pouvoir, convoque les citoyens à des élections municipales en même temps qu’il modifie la loi électorale : les conseillers municipaux seront élus mais dans les communes de plus de 20 000 habitants les maires seront désignés par le pouvoir.

Ces dispositions provoquent une vigoureuse opposition qui se traduira le 30 avril 1871 par une véritable insurrection armée autour de la mairie du 3ème arrondissement à la Guillotière. Les citoyens et gardes mobiles du quartier font face, retranchés derrière des barricades, à la garde nationale qui lance l’assaut appuyée par des canons. L’écrasement des insurgés marque la fin de la « Commune de Lyon ». Il y aura une trentaine de victimes.

 

 

 

Combien de victimes ?

En réalité, ce nombre n’est pas connu. Treize noms, identifiés dans la presse, sont cités par l’historien Maurice MOISSONNIER. On lit dans le « Salut public » du 2 mai 1871 (journal lyonnais pro-versaillais) : « Le nombre des tués et blessés de part et d'autre ne nous est pas exactement connu. Cependant, nous croyons savoir que les insurgés ont eu 52 morts ou blessés, et la troupe de 25 à 30.

Les salles de la Morgue de l'Hôtel-Dieu avaient reçu ce matin 16 cadavres. La plupart ont été reconnus et enlevés par leurs parents. »

Seize est donc un minimum. Parmi ces seize : au moins une femme. Il y en eut davantage. Trente est une estimation vraisemblable – sans exagération, mais avec une grande marge d’imprécision.

La Garde Nationale

L’arrêté du 2 mai se passe de commentaires, il émane : du préfet du Rhône qui procédait au désarmement des bataillons 

« Considérant que dans la journée du 30 avril une minorité factieuse s'est emparée de la mairie de la Guillotière, a empêché le vote, et a ainsi commis le plus grand attentat contre le suffrage universel, seule base possible des institutions républicaines ;

Considérant que les auteurs de cet attentat ont ajouté, à l'odieux de ce crime, les horreurs d'une lutte armée contre les troupes envoyées pour

 

 

rétablir l'ordre et faire respecter la liberté des électeurs ;

Considérant que les 19e, 20e, 21e et 22e bataillons de la garde nationale se sont rendus complices de l'insurrection par l'inaction des uns, par la présence des autres dans les rangs de l'émeute ;

(…) Art. 3. Dans le délai de quarante-huit heures, à partir de la publication du présent arrêté, les citoyens ayant appartenu à ces bataillons devront avoir déposé leurs armes" à la mairie du 3° arrondissement.»

Sur le parcours de la manifestation le 1er mai 2021 : 150 ans jour pour jour après la fin des événements, un panneau provisoire était présenté aux manifestants.

1871 – 2021 : une même tradition…

 

    (Panneau confectionné par Alain BUJARD)

 

à propos de "l'affaire barbarin"

 

 

   Mercredi 14 avril 2021, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi des parties civiles formé par huit victimes du Père PREYNAT.

   Ces victimes s’étaient opposées à l’arrêt de la Cour d’appel de Lyon de janvier 2020, qui avait relaxé Philippe Barbarin. Elles ne recevront donc pas de dommages et intérêts.

La Cour a considéré que l’obligation de dénonciation subsistait, même si les mauvais traitements paraissaient prescrits au moment où ils étaient portés à la connaissance de la personne devant les signaler. Cependant cette obligation disparaissait à partir du moment où les victimes sont elles-mêmes en état de dénoncer les faits, autrement dit lorsqu’elles ont atteint leur majorité et si elles ne sont plus en situation de fragilité.   

C’est la raison pour laquelle la Cour d’appel avait prononcé la relaxe de Philippe BARBARIN en 2020.

 

   Nous reproduisons ci-dessous la réaction de KEITH PORTEUS WOOD, porte-parole de l'AILP et président de la National Secular Society (Royaume-Uni).

  

   Il revient sur de nombreux exemples de religieux qui ne semblent pas être soumis à la loi française pour ne pas avoir signalé des abus cléricaux présumés sur des mineurs, comme cela est exigé depuis 2000, et affirme que des changements fondamentaux sont nécessaires pour que les victimes soient protégées.

Pierre GIROD

 

Les victimes d’abus cléricaux sont trahies. L’État doit agir maintenant

 

   En 2019, l'ancien cardinal le plus haut placé de France (Philippe BARBARIN) a été condamné à six mois de prison, mais avec sursis, pour avoir omis de signaler des abus commis sur des scouts pendant des décennies au sein d’une troupe catholique dirigée par Bernard PREYNAT, aujourd'hui considéré comme probablement le pédophile le plus “prolifique” de France. Preynat n'a été que récemment défroqué en tant que prêtre.

   Compte tenu du verdict de culpabilité, il y avait manifestement matière à répondre, mais les victimes de Preynat n'avaient pas réussi à persuader le procureur de la République de poursuivre le cardinal Barbarin et avaient dû se constituer parties civiles pour demander à la justice d’établir leur préjudice.

   L'opposition du procureur général s'est poursuivie lorsque la condamnation de Barbarin a fait l'objet d'un appel et une troisième fois, en avril 2021, lorsque l'affaire a atteint la plus haute juridiction française : la Cour de cassation.

   Saisie par les victimes, celle-ci avait à examiner en dernier ressort le seul volet civil de l’affaire Barbarin.

   Même sur ce terrain (dommages et intérêts), la souffrance des victimes n’a pas été entendue.

   Par cette décision extraordinaire, apparemment à la suite d'un changement de jurisprudence inexpliqué de la Cour de cassation, le cardinal a échappé à sa responsabilité civile (…).

   Le plus troublant, et à peine croyable dans un État qui s'enorgueillit de sa laïcité, est qu'en 2020, Preynat, bien qu'ayant reconnu les abus, a été autorisé sans explication à sortir libre du tribunal. Pourtant, un avocat a déclaré qu'il pensait que Preynat avait abusé de 3 000 à 4 000 victimes (bien que seules huit aient témoigné au procès).

   Sa ruse consistait à faire appel dès qu'il était condamné et, comme on pouvait s'y attendre, à retirer son appel après avoir été libéré.

   Puis, à la grande fureur de ses victimes, il a échappé à ne serait-ce qu’un jour de prison en raison d'une prétendue mauvaise santé.

   Selon les documents de l'Église, les membres de l'Église ont “l'obligation impérieuse de signaler [ces abus] à la justice civile (comme tout citoyen) et à la justice canonique”.

   Pourtant, en 2017, le média en ligne Mediapart a accusé 25 évêques français nommés, issus de tout le pays, d'avoir omis pendant des décennies de divulguer ces abus.    Les évêques n'ont pas nié ces accusations.

   Très peu de clercs ont signalé volontairement un abuseur clérical aux autorités (je n'en connais qu'un seul), du moins jusqu'à la débâcle de Barbarin.

   Il est inconcevable que de nombreux clercs n'aient pas eu connaissance de ces abus tant ils ont été nombreux.

   Le très respecté président de la commission d'enquête CIASE vient de tripler son estimation à 10.000 victimes d’abus cléricaux en France.

   À mon avis, un multiple considérable de ce chiffre serait beaucoup plus plausible : à 10 000, un tiers du total est le fait du seul Preynat.

   L'attitude indulgente des procureurs à l'égard des ecclésiastiques qui ne respectent pas l'obligation de

 

signaler les abus sexuels présumés sur des mineurs est encore plus inquiétante.

  Aucun procureur n'a engagé de poursuites à la suite de l'exposé de Mediapart.

Aucun clerc reconnu coupable n'a jamais purgé une peine de prison, ni même été condamné à une amende, comme le prévoit la loi.

Les victimes sont trahies à chaque instant et ces manquements favorisent directement la poursuite des abus.

En 2018, André FORT, ancien évêque émérite d'Orléans, semblait se considérer au-dessus de la loi républicaine. Il a refusé de se rendre au tribunal et a été menacé d'un an d'emprisonnement pour défaut de comparution et pour sa "stratégie de fuite, d'étouffement et de mensonges".

   Il devient alors seulement le deuxième évêque en France à être reconnu coupable de non-dénonciation d’abus sexuels commis par des prêtres.

   Un article publié en avril 2021 dans La Croix, qui reflète normalement la politique de l'Église, soulève de manière alarmante la possibilité que les évêques envisagent de traiter les agressions sexuelles dans les tribunaux canoniques et d'abandonner complètement les tribunaux civils.
   Les évêques français sont en train de créer un "tribunal pénal canonique interdiocésain" national apportant "une réponse ecclésiale aux délits d'agression sexuelle" ainsi qu'à l'annulation des mariages.

   Dans une section intitulée "Retour historique", des références nostalgiques sont faites à "l'Ancien Régime [c'est-à-dire l'époque antérieure à la Révolution] où les clercs étaient jugés uniquement par la justice ecclésiastique" et au fait que "le juge est l'évêque" : [étant] le principe de base de la justice ecclésiastique." (Il est clair que cela concerne les délits d'agression sexuelle plutôt que l'annulation des mariages). L'appel à l'Église est évident.

   La peine maximale de la justice ecclésiastique est la défroque, et il n'y a pas de casier judiciaire - et les juges comprendront les 25 évêques qui auraient omis de signaler les abus aux autorités civiles.

 L'article de La Croix reconnaît que certains dans les milieux ecclésiastiques voient cette évolution avec inquiétude. "Une juge formatrice du tribunal de Lyon depuis plusieurs années, Bénédicte DRAILLARD, ne cache pas son amertume :

   “Cette justice a 150 ans de retard : il n'y a pas de place pour les victimes et ce sont toujours des clercs qui jugent des clercs, c'est un bastion du cléricalisme”.

   Ses propos toucheront, je le soupçonne, la corde sensible des victimes d'abus, si impuissantes dans les procédures de justice ecclésiastique.

 

Organisation criminelle ?

   Et cette année, dans le cadre des abus cléricaux, la responsable de l'association des moines et moniales, Véronique MARGRON, dit avoir eu "l'impression qu'un certain nombre de diocèses

étaient des organisations criminelles".

   De même, l'ancien juge qui dirige la commission sur les abus a conclu que certains cas d'abus étaient proches de ressembler à "une entreprise criminelle".

   Aucune des deux chambres du Parlement français n'a pris au sérieux cette crise croissante. Combien de temps faudra-t-il encore pour qu'ils instituent, dans l'intérêt des victimes, une enquête dirigée par un juge sur les abus commis par des clercs, proposent des améliorations à la loi sur le signalement obligatoire des abus et décident comment exiger des tribunaux, des procureurs et des autres fonctionnaires impliqués dans la justice qu'ils soumettent les clercs à la loi sans ménagement ?

 

Keith Porteous WOOD

 

 

 Libres propos, libres pensées

Santé publique, libre-échange, autosuffisance, protectionnisme raisonné : tout est lié

 

    La pandémie inattendue mais brutale de Covid19 qui frappe essentiellement nos pays bien peu accoutumés aux épidémies (mais crise admirablement mieux maîtrisée en Afrique et en Asie), met cruellement en lumière la tragique dépendance de nos sociétés dites "avancées" à d'innombrables fournisseurs étrangers. 

Nous constatons journellement (et avec inquiétude pour l'avenir) que la plupart de nos achats en consommables ou services viennent "d'ailleurs".

   C'est en particulier le cas le cas d'au moins 80% de nos médicaments, fabriqués en Chine et en Inde pour le compte de multinationales occidentales dans des conditions très mal maitrisées.

On apprend ainsi que la France a acheté, entre autres fournitures médicales, pour 5,9 milliards d'euros de masques à la Chine.    

  

   Une dépendance déraisonnable largement générée par une mondialisation voulue, mise en place et assumée par nos propres "élites" (c.à.d. les PDG, les actionnaires et leurs clients !) animées depuis des décennies par l'idéologie "néolibérale", un virus mental tout aussi nuisible, qui se caractérise par une cupidité totalement désinhibée, mais aussi une haine et un mépris immémoriaux de ces soi-disant "élites" pour leurs concitoyens jugés inférieurs et indociles qui travaillent pour vivre : délocaliser c'est aussi et sciemment, leur ôter leur gagne-pain pour leur nuire. 

  

Cette idéologie d'origine US dont l'UE, leur pure création (voir An II n°183) et leur principale vassale dans le monde est en occident l'instrument qui a eu le plus d'impact directement destructeur sur l'emploi dans nos pays.  

   Cela signifie-t-il que nous sommes soudain devenus incapables de produire tous les biens dont nous avons besoin ? : évidemment non !

   C'est uniquement lié à l'exploitation, ailleurs, de salariés à des coûts très inférieurs, mais sans jamais tenir compte des incalculables et terribles dégâts et coûts sociaux et sociétaux collatéraux que cela induit chez nous, bien supérieurs aux avantages prétendus.  

   Car, bien sûr, cela ne concerne jamais les mêmes bourses, certains empochant très gros là où la très grande majorité y perd, d'où la montée apparemment inexorable des inégalités que nous constatons, maintenant très officiellement attestée.

  

   Au début des années 1910, le banquier US J.P. Morgan estimait que le (son) système capitaliste ne pouvait fonctionner que si l'écart des revenus entre dirigeants et monde du travail ne dépassait pas 1 à 30, 40 maxi : aujourd'hui, il est de 1 à + de 2000 !

  

   Le différentiel empoché résulte du simple fait qu'ils ont bradé à perte et à court terme ce que nous générons le plus naturellement : nos immenses besoins quotidiens et impérieux de consommation pour assurer notre survie, notre santé ou notre confort, perte que pour cause de capacité industrielle détruite car délocalisée nous ne pouvons plus que tenter de compenser par un endettement exponentiel auprès des bien trop fameux "marchés financiers", endettement évidemment gagé sur nos revenus futurs et surtout sur le pillage éhonté de la richesse collective créée et   accumulée au cours des siècles.

   C'est là que réside le fameux "déficit budgétaire" faussement imputé à "une compétitivité collective" insuffisante, c'est-à-dire à (presque) nous tous. 

  

   Mais ce n'est pas nouveau : en 1973, la loi "Pompidou-Giscard" a interdit à la Banque de France de prêter à l'État l'argent qu'elle avait pour fonction régalienne de créer, loi scélérate édictée au profit des banques, abrogée par la signature du contraignant traité de Maastricht (1992) puis la création de la BCE (1998) et l'Euro (2002). Pire !

   Pourtant POMPIDOU fut un exemple typique de la promotion sociale par l'école publique sous la IIIe République : grands-parents petits paysans, parents enseignants socialistes qui admiraient Jean Jaurès.  Résultat de cette exemplaire éducation aux frais de la République, (il est normalien) : il devient directeur général de la banque Rothschild !

   Puis président… de droite. Il personnifie ainsi la "trahison des élites" au service d'elles-mêmes au détriment du bien public.

   Ce parcours contraste par exemple singulièrement avec celui d'Ambroise CROIZAT, syndicaliste CGT qui travailla en usine à treize ans, connut 14 prisons vichystes mais qui, devenu ministre du Travail à la Libération institua la Sécurité Sociale et bien d'autres avancées sociales (comités d'entreprise, statut des délégués du personnel, conventions collectives, médecine préventive du travail, retraites, régime des prestations familiales, etc.) dont nous bénéficions encore.

Mais jusqu'à quand ?  

   C'est un des français à qui nous devons le plus : un million de personnes ont accompagné cet oublié du public (pourquoi ? : le black-out sur son action par les médias aux ordres) au Père Lachaise. Quiconque a une carte Vitale devrait connaître son nom. Il ne mérite pas le Panthéon, lui ? 

   Et la lutte actuelle contre la pandémie et la grave crise économique qu'elle provoque nous oblige donc à emprunter "sur les marchés financiers" des sommes pharamineuses soudainement sorties du chapeau d'un magicien, mais qu'il faudra bien rembourser un jour collectivement en vendant (pas cher) nos libertés, notre travail et les derniers bijoux de famille. Le pillage va s'accroître… :

"Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise !" (Churchill)

Car cet argent fictif issu de la "planche à billets" de la BCE et vendu (pas cher) aux banques devient soudain par miracle en passant par elles de la bonne dette solide dont on nous avertit à l'avance qu'il ne sera surtout pas question de l'annuler comme ce fut le cas d'innombrables fois (par la force tragique des évènements) tout au long de l'histoire humaine, surtout après des guerres ayant tout dévasté sur leur passage, rendant des pays entiers insolvables.

Souveraineté, libre-échange, protectionnisme

 La question du "libre-échange" est simplement liée à l'intérêt immédiat qu'y trouve une minorité.

S'ils n'y trouvaient plus leur compte la question serait bien vite réglée : des droits substantiels réapparaîtraient aussitôt pour rééquilibrer des échanges devenus soudain pour eux défavorables.

   Car après tout, des taxes douanières appropriées ne sont qu'un outil et un filtre pour atténuer des distorsions trop flagrantes entre les économies, les standards de vies, les protections sociales et freiner la surconsommation d'objets inutiles ou nocifs et l'obsolescence programmée, bien trop encouragées par l'importation massive de marchandises produites à très bas prix, totalement à l'opposé de la bonne gestion des ressources terrestres que l'on sait limitées. 

 Un petit livre parfaitement capitalo-orthodoxe d'universitaires américains, initialement paru en 1956, "Introduction au Raisonnement Économique",  à destination de l'Afrique, expliquant l'économie de marché faisait valoir que pour des considérations de "souveraineté nationale" (c.à.d. la maîtrise de son destin) et pour conserver sa main d'œuvre qualifiée et son savoir-faire, un pays doit savoir pratiquer "dans certains cas" un "protectionnisme raisonné" et mentionnait déjà que de nombreux économistes américains pensaient "que l'importation de produits fabriqués par une main d'œuvre surexploitée et sous-payée et les transferts de technologie associés constituaient une concurrence déloyale et très dangereuse pour l'avenir". Mais c'était avant la folie néolibérale !

  La Covid remet donc évidemment sur le tapis de façon brutale le problème crucial d'autosuffisance minimale vitale et de non-dépendance absolument indispensable, de la "souveraineté nationale" des peuples et du "protectionnisme raisonné", l'un étant le corollaire de l'autre. Mais la cupidité d'une minorité l'a emporté.

   Car dans un système où les maîtres mots assénés à tout-va sont sécurité et protection, mais surtout quand elles sont des sources de gros profit (par ex. la santé !) il est inconvenant qu'une nation prétende les maîtriser pour le bien-être de sa population : sanitaires, sociales, alimentaires, propres normes légales de sécurités, législatives, environnementales, défensives, etc…

  Car ce serait avant tout faire des choix "raisonnés" entre les intérêts d'une minorité active de prédateurs indûment et indécemment enrichis et le bien public en général. Mais cette (énième) mondialisation, création d'affairistes cupides tels que Jean MONNET, (voir AN II n° 183) et d'opportunistes sans foi ni loi a-t-elle gagné l'adhésion des peuples ? Rien n'est moins sûr.

Pour cette raison elle disparaîtra aussi, espérons-le pour le meilleur. Ou choisiront-ils le pire ?  RJ