ÉDITORIAL

 

 

Une série de réunions a lieu en ce moment dans des communes des monts du Lyonnais, là où a sévi le P. Ribes., et où les victimes de ce pédo-criminel se rassemblent et font leurs comptes. Un comité de victimes s’emploie à « libérer la parole ». Démarche indispensable, car tout n’a pas été dit.

Les victimes ne s’expriment pas facilement. Beaucoup ne veulent plus entendre parler de rien. On connaît ces cas « d’amnésie traumatique » où une forme de honte intériorisée, même infondée, entraîne un désir d’effacement complet du passé.

L’affaire « Ribes » est emblématique des errances de l’Eglise révélées par la CIASE. Malgré tout le sérieux du travail effectué par cette commission d’enquête sur les crimes perpétrées par des religieux, on n’en finit pas de découvrir de nouveaux prolongements.

Que s’est-il passé à Sainte-Catherine, à Pomeys, à Grammond, dans tant de communes où le P. Ribes s’est comporté en prédateur tout-puissant, depuis les années 70 jusqu’à sa mort en 1994 ?  Dès 1976, un séminariste de Vienne-Estressin (où Ribes professait) révélait être tombé sur des centaines de dessins pornographiques représentant des enfants. Son signalement était ignoré par le directeur de conscience.  Sous le nom de Rib, le prêtre devait par la suite poursuivre une carrière « d’artiste » dans les trois diocèses, de Lyon, de St-Etienne et de Vienne-Grenoble, toujours entouré d’enfants qu’il faisait poser en les manipulant, en jouant partout de son prestige de créateur et de guide spirituel.  …On vous épargnera les détails les plus sordides.

Toujours entouré d’enfants, même quand l’œuvre ne le justifiait pas. Et cela se voyait. Mais la réalité, ce sont les crimes. « Crimes », car on parle bien de viols, de pénétrations, pas de simples attouchements comme dans des affaires plus « ordinaires ». Qui plus est, Rib était très riche. Si riche que des victimes se sont posé la question depuis : cet argent pouvait-il venir seulement de la vente de ses œuvres, où d’un commerce commis avec des réseaux criminels ? Malgré tous ces signaux : rien.

Aujourd’hui, 48 victimes se sont signalées, dépendant de trois diocèses. Leur première obsession : ne plus voir les œuvres qui leur rappellent leur martyre, ni les tableaux ni les dessins, ni le « chemin de croix » (qui a été désinstallé) ni les vitraux d’églises. Que faire de ces productions ? C’est un autre problème, qui n’a pas trouvé sa solution.

Rib a parfois vendu ses œuvres, au prix fort, aux parents de ses victimes. Il a aussi vendu des vitraux dans plusieurs communes, comme celle de Sainte-Catherine où il avait des relations. Les contribuables de l’époque ont payé. Aujourd’hui, ils paient une deuxième fois puisqu’il faut démonter et remplacer les vitraux. Heureusement, il existe des vitraux disponibles dans des églises « désacralisées ». Il reste le montant des travaux.

L’affaire intéresse trois diocèses. A lui seul, le diocèse de Lyon représente quelque 76,2 millions d’euros (bilan de 2019), chiffre à réévaluer si l’on tient compte du fait que les terrains et certaines constructions situées dans des quartiers prestigieux ont acquis une plus-value immobilière impossible à estimer. Les croyants qui aspirent au retour à une église « pauvre » ont encore du souci à se faire.

L’institution ecclésiale est seule et totalement responsable du désastre.

Le P. Emmanuel Gobilliard, évêque-auxiliaire du diocèse de Lyon chargé des relations avec le parquet qui a effectué depuis 6 ans le travail de recension des victimes au compte de la CIASE (« commission Sauvé ») l’a reconnu : « On s’est pris pour la justice, on s’est pris pour la police. Ce n’est pas notre métier. » On ne saurait mieux dire.

Ce prêtre.reconnaît que rien – pas même des compensations financières – ne pourra jamais réparer les dommages infligés aux victimes, et indirectement à leurs proches. Il faudra pourtant prendre en compte toutes les demandes de « réparation ». Et nous disons aux victimes : « Vous avez raison d’entreprendre une démarche collective ! Ne vous laissez pas abuser une seconde fois ! »

Nous le répétons : L’Eglise doit payer ! L’Eglise peut payer !

 

 nos disparus

 

HARRY KOUBI

 

Harry Koubi est décédé le 4 janvier, une cérémonie laïque a rassemblé de nombreux amis et camarades, le 10 janvier au crématorium de la Guillotière, avec ses enfants et petits-enfants.

Harry a tenu à rappeler les fondements de sa vie militante, longue et bien remplie : son attachement à l'IVe Internationale. Et il a voulu la présence de la Libre Pensée lors de cette cérémonie laïque, sous le drapeau de la fédération.

Au nom de tous ceux qui connaissaient Harry – et ils sont nombreux - la libre Pensée a exprimé toute sa sympathie à Nicole ton épouse, à ses enfants, à ses petits-enfants et à ses proches.

« Parmi nous, certains te connaissaient depuis 1971, un demi-siècle déjà. À l’époque, ton engagement militant était déjà clair. Et tu es resté toujours fidèle à tes convictions : démocratie, laïcité, liberté de conscience, liberté dans le domaine de la recherche et pour la science. En somme tout ce que devrait être l’Université.  « Université » : un mot qui pour toi devait être si proche « d’universalité » ou « d'universalisme ». Confiance dans la raison, confiance dans la méthode du libre examen qui ne reconnaît d’autorité dite « supérieure » en aucun cas.

Et souvent les discussions étaient âpres, parce que pour débattre avec toi il ne fallait pas simplement affirmer. Non ! Il fallait argumenter. Et à partir de là on pouvait s’entendre, et on avançait en toute camaraderie (…) 

Cher Harry, ami et camarade, nous te saluons une dernière fois. »

 

 

Quelques messages…

Pour Nicole d’abord qui a partagé sa vie, mes pensées amicales et solidaires, pensées de loin bien sûr mais la mémoire est intacte. Des hommes comme Harry laissent des sillons dans nos mémoires. Et pour tous les camarades engagés comme lui, un souvenir en forme de leçon : Harry toujours fidèle avec cette modestie qu’autorise la certitude que le combat est dur, mais juste et s’il n’est pas encore victorieux, qu'il le sera. Harry en était convaincu.  Gardons sa mémoire.

Richard Kausch

Harry, nous t'enterrons un 10 janvier. Mais pour moi le 10 janvier c'est celui de 1971, où tu avais participé à une conférence de militants de l'UNEF à Paris et qui s'était terminé par un vibrant appel : L'UNEF VIT, L'UNEF VIVRA !

Tu nous racontais cela le lundi qui suivait, dans le local UNEF SCIENCES, avec joie et malice. Cette formule te résume, notre vieux camarade et ami, rien n'est plus fort que la vie qui avance. Tu as largement fait ta part du chemin pour paver celle de la vie qui avance. Aux nouvelles générations à continuer, c'est dur de te quitter.                        Gilles CHAMPION

Pour Harry, quelques mots….

Je connaissais Harry depuis cinquante ans. En 1971, j'intégrais la fac de Droit dont le bâtiment des deux premières années se trouvait, à l'époque, sur le Campus de la Doua.

Je venais d'adhérer à l'UNEF Indépendante et Démocratique. Nous n'étions vraiment pas très nombreux en Droit.

Mais à l'entrée du Campus, en Fac de Sciences, il y avait beaucoup plus de camarades. Et j'allais souvent au local syndical en Sciences. Parmi tous ces camarades, il y avait Harry, dont la conviction militante s'accompagnait de beaucoup de gaieté, de générosité et de gentillesse. A moi, jeune militante pas très aguerrie cela avait donné confiance.

Après mes études, j'ai quitté la Fac et Harry, lui, est resté à l'Université car c'était le lieu de son activité professionnelle. Nous n'étions plus étudiants, mais nous avons continué toutes ces années à militer ensemble et aussi à la Libre Pensée, avec Nicole à ses côtés.

J'ai de la peine aujourd'hui, mais ce qui reste dans ma mémoire c'est la gaieté d'Harry, le rire d'Harry, toujours aussi réconfortant et cela c'est ineffaçable.                                                                                                   Myriam CAMUSSO

 

PIERRE GOYARD

Pierre Goyard nous a quittés. Il était le vice-doyen de notre fédération, et peut-être le plus ancien de ses membres (nous n’avons pas pu retrouver la date de son adhésion).

Avec l’âge, nous ne le croisions plus lors de nos réunions ou initiatives publiques.

Il avait cependant gardé sa vivacité d’esprit et son humour, retiré dans sa résidence de la Croix-Rousse. Il est resté jusqu’au bout un rationaliste convaincu et un libertaire impénitent.

Un « esprit libre » au plein sens du terme.

Pierre Goyard est né le 1er avril 1928 à Lyon.

Son père se suicide quand il a 5 ans. C’est donc seule que sa mère Marcelle l’élève. Femme au grand cœur elle prend en charge sa belle-mère.

Pour subvenir au besoin du trio Marcelle travaille comme ouvrière le jour et, excellente couturière, coud jusqu’à tard dans la nuit pour de riches clientes.                                                                                                                                                                      Pierre assure les livraisons et pénètre ainsi dans de belles maisons bourgeoises.

C’est à ce moment qu’il prend conscience de l’injustice sociale et qu’il se promet de sortir de la pauvreté et de gravir les échelons. 

Esprit curieux et ouvert il n’a alors de cesse d’acquérir les connaissances qui lui font défaut.                                                                                                                      

Le ton est donné !

Petit bonhomme de 8 ans il participe aux manifestations de 1936. Il défile en tête des cortèges et aide à la distribution du ravitaillement des grévistes.

 

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Il a 11 ans quand la 2° guerre mondiale éclate. Période terrible ! Il se retrouve seul quand sa mère est arrêtée par la Gestapo pour sabotage. Elle est miraculeusement relâchée.                                            

Il part à Marseille et apprend le métier de coupeur en chaussures.

De retour à Lyon, il travaillera chez Bailly, dirigera plusieurs SCOP puis épaulé par son épouse Yolande il montera sa propre entreprise.

Tous les deux auront à cœur de soutenir les artistes, d’apporter un soutien financier à de nombreuses œuvres caritatives et leur foyer sera toujours ouvert à leur famille et à leurs amis.     

Pour eux le mot générosité n’était pas vain.

Franc-maçon et fidèle à ses idéaux il sera un ardent défenseur des libertés, de la laïcité et de la justice sociale. 

Sportif de bon niveau il pratiquait l’alpinisme, le ski, la plongée, la voile, le judo et la course à pied.

Il fut un père aimant et attentionné.

 

Le corps de Pierre Goyard a été incinéré vendredi 4 février au crématorium de Bron, sous le drapeau de la Libre Pensée.

Fidèle à ses convictions jusqu’au bout, il avait tenu à ce qu’une collecte soit organisée à son bénéfice à l’issue de la cérémonie.

 

 

 

 La commune de lyon

La parole à Matthieu Rabbe

Auteur de l’ouvrage « les Communards à Lyon » (Atelier de Création libertaire, 2015)

 

A l’heure où nous publions ces lignes, nous sommes toujours en attente de l’accord officiel de M. Doucet, maire de Lyon, pour l’installation de la plaque commémorative du massacre de la Commune du

30 avril 1871 à la Guillotière.

Alors que les voyants semblaient au vert depuis ces derniers mois, avec un accord de principe et l’intérêt de plusieurs élus et maires d’arrondissements, la décision est remise en cause au prétexte de possibles troubles dans le quartier de la Guillotière, et de risques de dégradation de la plaque.

Manifestement, la Commune pose toujours problème.

La Libre-Pensée du Rhône, l’HIS-CGT et les « Amis de la Commune » ont réitéré leur demande commune.

 

Matthieu Rabbe, historien de la Commune de Lyon, nous donne son point de vue. Nous l’en remercions.

 

  • - Matthieu Rabbe, vous avez relancé les recherches sur la Commune de Lyon en publiant "Les Communards à Lyon" en 2015. Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous expliquer comment vous en êtes venu à vous intéresser à la Commune ?

Mon intérêt pour la Commune est d'abord personnel. Je suis originaire de Besançon, et les noms des bisontins Pierre-Joseph Proudhon et Charles Fourier ainsi que de l'ornanais Gustave Courbet m'étaient très familiers. Cela m'a amené à m'intéresser aux courants politiques socialisants du XIXe siècle, à la Commune, etc... Je suis arrivé à Lyon il y a une bonne dizaine d'années pour faire des études d'Histoire à l'Université Lyon 3, et mon intérêt personnel pour le mouvement de la Commune s'est transformé en intérêt de chercheur en m'apercevant que le sujet de la Commune de Lyon avait été quelque peu laissé de côté. Durant mes deux années de Master, grâce à l'aide précieuse du professeur Olivier Faure qui m'a dirigé et guidé sur le sujet, j'ai petit à petit dégagé deux axes de réflexion sur le sujet : d'abord une approche socio-historique des communards lyonnais au travers des sources de police, puis, constatant que les sources policières, militaires, judiciaires étaient abondantes sur le sujet, je me suis ensuite intéressé à ceux qui avaient réprimé et surveillé les communards. La maison d'édition indépendante l'Atelier de création libertaire s'est ensuite intéressée à ces recherches et j'ai retravaillé ces deux axes d'approche, afin de les réunir en un seul ouvrage.

  • - Nous allons revenir sur ces deux aspects. Mais tout d'abord, comme vous le dites, le sujet a été "quelque peu laissé de côté". Comme l'a été longtemps la Commune de Paris. À Lyon, aucune inscription, ni plaque ni stèle ne rappelait cet événement jusqu'à aujourd'hui.
  • - Avez-vous une explication à cette forme d'amnésie collective ?

Il est vrai que la mémoire de la Commune à Lyon reste évanescente. Lyon est une ville à l'histoire extrêmement riche et il est possible que des événements aussi courts, aussi divers, aussi complexes, que les mouvements communalistes lyonnais ne permettent pas une appropriation facile par la mémoire collective. 

Les communards sont aussi encore bien souvent confondus avec les canuts révoltés de 1831 et 1834. Et d'ailleurs, même quand la distinction est faite, la portée symbolique et mémorielle des insurrections des canuts prend implacablement le pas sur les nombreux autres soulèvements de Lyon qui ont eu lieu durant ce "siècle des insurrections" qu'est le XIXe siècle.
Il faut le dire également, les mouvements communalistes lyonnais de 1870 et 1871 n'ont pas la portée symbolique des insurrections des canuts de ces années 1830, et n'ont que dans une très moindre mesure la dimension héroïque et/ou tragique de la Commune de Paris.
Il y a eu malgré tout un sérieux travail de la part des historiens depuis un demi-siècle, et qui se poursuit aujourd'hui, pour parfaire la connaissance de toutes ces Communes qui émergèrent en dehors de Paris et qui, même si elles sont peu connues par le grand public, restent passionnantes. De plus, à Lyon, la présence et l'influence de Mikhaïl Bakounine jouent un rôle dans la persistance du souvenir de ces moments et leurs donnent une dimension internationale, mais cela reste bien souvent restreint à ceux qui se revendiquent de l'héritage de l'idée communaliste ou de l'héritage du philosophe russe.

  • - Votre travail a permis d'explorer des voies nouvelles. Quel est votre apport dans la connaissance de ceux qui furent les "communards" lyonnais ?

"Communard" est un terme qui, à l'origine, a un sens péjoratif et qui est devenu une catégorie aux contours parfois flous. L'étude socio-historique des sources policières sur les communards, qui sont notamment constituées par de nombreux dossiers nominatifs et fiches individuelles, a permis de faire ressortir des individualités qui étaient effacées et englobées dans cette catégorie. Il me semblait important, en envisageant le sujet sous cet angle, que les anonymes et les sans-voix retrouvent leur place parmi les insurgés et soient envisagés à égalité avec ceux des révoltés qui ont eu la voix la plus puissante. Des parcours de vie d'hommes et de femmes ont alors ressurgi et ont fait la preuve de leur richesse. 
Les réalités des parcours sont d'ailleurs parfois si diverses qu'il peut être ardu d'en tirer des conclusions générales. Et parfois, le portrait individuel peut dresser le portrait du communard plus efficacement qu'un portrait moyen né des statistiques. Par exemple, il a été difficile de définir une ligne politique ou philosophique majoritaire au sein des mouvements communalistes lyonnais en dehors d'un fédéralisme ou d'un municipalisme acharné.  L'idée anticléricale fut de celles qui rassemblaient le plus, et pas seulement parmi les communards. Les libres-penseurs et "matérialistes" se retrouvent en nombre dans les rangs de l'insurrection. L'influence de l'Association Internationale des Travailleurs (A.I.T. ou première Internationale), de l'anarchisme naissant et du socialisme est réelle mais pas tout le temps majoritaire. De nombreux blanquistes, radicaux révolutionnaires et jacobins sont présents et sont moteurs parmi les communards par exemple, mais tout autant que ceux qui n'ont pas d'étiquette.
D'ailleurs, en se posant la question de ce qui pouvait rassembler en dehors de la communauté d'idées, nous avons découvert des traces de l'importance des liens familiaux et des liens de corporation ainsi que de la prégnance des solidarités et des sociabilités de quartier parmi les communards. Nous avons alors pu constater les spécificités sociales et professionnelles des communards lyonnais. La plus évidente par exemple est celle de la prédominance des tisseurs par rapport aux ouvriers des "nouveaux métiers" de la métallurgie ou du bâtiment. L'exposition d'une stabilité sociale relative apporte aussi un contrepied à l'idée anti-communarde répandue à l'époque qui faisait cohabiter l'insurgé avec le crime ou la dépravation. Également, une nouvelle fois, le constat de la relégation des femmes au second rang de l'histoire a été malheureusement fait : malgré les témoignages et sources qui évoquaient leur nombre et leurs actions parmi les communards, très peu de noms féminins ont pu être retrouvés...

  • - Dès septembre 70, le Comité de Salut public laïcisait l'enseignement et supprimait toute subvention aux communautés religieuses. C'est une extraordinaire préfiguration de ce qui allait se passer à Paris quelques mois plus tard. Pouvez-vous nous en dire plus sur l'anticléricalisme des communards lyonnais ? Et où trouve-t-il ses racines ?

Lyon est une ville où la religion a de tout temps été forte et où l'on trouve de très nombreux établissements religieux. Par opposition à ce monde donné, les mouvements de libre-pensée furent très dynamiques également, et cela surtout dans les milieux républicains et révolutionnaires de la Seconde moitié du XIXe siècle. Notons que lors de la révolution de 1848, l'anticléricalisme fut plus fort à Lyon qu'à Paris. Et tout au long du Second Empire on va assister à une montée en puissance des sociétés de libres-penseurs et des manifestations anticléricales, lors des enterrements civils notamment, qui pouvaient rassembler des centaines de personnes et se transformer alors en véritables manifestations d'affirmation contre la religion.
Au 4 septembre 1870 lors de la proclamation de la République, la plupart des républicains, communards ou non, sont donc en accord sur le sujet : la société, et notamment l'enseignement, doit être déchristianisée. Beaucoup de religieux quittent la ville à ce moment, et les établissements religieux sont occupés par des révolutionnaires ou par des bataillons de garde nationaux. Cela explique pourquoi, en effet, une des premières mesures prises fut la laïcisation de l'enseignement, le Comité de Salut Public proclamant que "l'enseignement donné par les congrégations religieuses est contraire à l'esprit républicain". Ce Comité de Salut Public, rassemblait des révolutionnaires partisans d'une Commune décentralisée, des républicains radicaux, mais également des républicains modérés. Et même s'il sera remplacé quelques jours plus tard par une municipalité plus modérée dirigée par Jacques-Louis Hénon, on s'aperçoit au travers des délibérations du Conseil municipal que c'est une mesure qui ne sera pas démentie. Le 2 octobre 1870 par exemple, la commission de l'instruction publique du Conseil municipal (qui n'était donc plus "communard") était d'avis "qu'il faut remplacer le plus promptement possible les ignorantins et les religieuses, [...] par des instituteurs laïques" et qu'il faut "s'entendre avec le Président de la Société d'Instruction libre et laïque". 
Un certain nombre d'instituteurs et d'institutrices d'école libre et laïque se retrouvent effectivement parmi les communards. Marie Bonnevial en est un bon exemple : institutrice, elle fut révoquée à cause de son engagement en faveur des mouvements communalistes lyonnais et elle fut déléguée d'arrondissement de la société de Libre Pensée et plus tard membre fondatrice du "Cercle littéraire des Dames lyonnaises", cercle connu pour la radicalité de ses opinions. Elle s'engagera plus tard aux côtés de Jules Guesde à Paris.

Mais même en dehors des mesures prises et en dehors des milieux de l'enseignement libre et laïque, dans les renseignements de police sur les communards, il est très souvent fait mention de leurs attitudes ou de leurs propos anticléricaux et, comme je l'ai évoqué déjà, beaucoup sont catégorisés comme "Libres Penseurs". Ceux-ci avait une propension notoire à la provocation, tel Eugène Grosdenis dit Denis Brack, collaborateur du journal anticlérical de Jules Frantz Le refusé , puis dirigeant du journal lyonnais L'excommunié, qui était spécialiste de banquets au saucisson du Vendredi Saint et qui fut parmi les communards qui occupèrent les établissements religieux à partir du 4 septembre 1870.
En revanche, les mouvements communalistes qui se succédèrent après le mois de septembre 1870 jusqu'en avril 1871 proclamèrent moins fort leur anticléricalisme. Non pas que l'opinion des communards avait évolué sur le sujet, mais le Comité de Salut Public avait déjà frappé fort, et les premières mesures prises n'étant pas vraiment démenties, la priorité des communards ne semblait alors plus être les attaques contre la religion, mais plutôt la défense du principe fédératif, puis, après la proclamation de la Commune de Paris, le soutien à la capitale.

  • - Venons-en à un aspect important de votre travail sur les sources, celui de la répression à l'encontre des émeutiers. À Lyon, il y a bien eu le massacre du 30 avril 1871 à la Guillotière, mais globalement la violence de la répression est sans commune mesure avec ce qui s'est passé à Paris lors de la "semaine sanglante". Que pouvez-vous dire des événements du 30 avril et de la répression qui s'ensuivit ?

Souvent, lorsque l'on étudie des mouvements révolutionnaires ou insurrectionnels, leur répression est plus évoquée qu'analysée. Et de fait, la compréhension de l'esprit répressif est le plus souvent laissée à ses partisans. Il s'agissait alors pour moi, lors de ce travail, d'essayer de comprendre quels étaient les mécanismes et les enjeux chez ceux qui s'opposèrent aux mouvements communalistes lyonnais.

Lors de l'insurrection de la Guillotière le 30 avril 1871, qui sonne le glas des tentatives lyonnaises, on assiste à l'union retrouvée des représentants des forces répressives de l'État central face aux insurgés qui le remettent en cause depuis des mois. Il est important de le remarquer car ces mouvements qui peuvent parfois apparaître comme nébuleux car non unifiés, trouvent une de leur direction commune dans le rejet de l'État centralisé, qu'il soit sous la forme du Gouvernement de la Défense nationale de septembre 1870 à février 1871, ou sous la forme du Gouvernement de Versailles à partir de février 1871. La municipalité, même si celle-ci est sous le feu des critiques des communards, n'aura jamais véritablement un rôle de répression.

Elle sera, pendant les mouvements communalistes, opposante ou parfois conciliatrice, mais elle est absente des moments de combats violents. Ce sont les représentants de l'État qui ont ce rôle même si ceux-ci sont imbriqués dans les luttes intra-urbaines. L'insurrection du 30 avril correspond donc, en ce qui concerne le point de vue lyonnais, à l'apogée de la polarisation entre les deux camps.

Ce quartier de la Guillotière, le plus difficilement contrôlé par les autorités, rassemblait une population ouvrière de plus en plus liée à l'industrialisation, différente de celle des canuts de la Croix-Rousse, mais non moins favorable à la République sociale. On y trouve donc de nombreux communards, et la loi versaillaise du 14 avril 1871 qui privait les villes de plus de 20 000 habitants du droit de choisir leur maire y fut ressentie comme une provocation. De nouvelles élections municipales ont lieu le 30 avril et il est décidé d'un sévère boycott par la frange la plus révolutionnaire de Lyon, encore active malgré les échecs des tentatives précédentes, et soutenue par des sections suisses de la Première Internationale. La mairie du IIIe arrondissement (celle de la Guillotière) est occupée, des barricades sont dressées autour de la place du pont où elle se tenait, ainsi que dans les rues adjacentes, et les communards en armes se préparent à une réaction violente. Il s'agit du premier et du seul combat armé qui aura eu lieu entre septembre 1870 et avril 1871. Les communards essayent de soulever la Croix-Rousse mais cette fois-ci sans succès. La Guillotière remplace alors à ce moment-là le quartier de Croix-Rousse comme quartier des insurgés lyonnais.

La Garde nationale, trop instable, n'est pas mobilisée par les autorités. On retrouve à la tête des troupes destinées à la reconquête de la Guillotière, le préfet Edmond Valentin, le procureur de la République Louis Andrieux, le général de la division militaire Joseph Crouzat, le général commandant la place militaire Victor Février et le directeur de la Sûreté Gaston de Gourlet.

Malgré cette représentation massive des autorités centrales, par deux fois les troupes de l'armée de ligne envoyées doivent être retirées, en urgence, car elles montraient des signes de fraternisation avec la foule. La troisième tentative, appuyée par une charge de cavalerie et par des canons sera celle qui lancera les combats. Lors des affrontements qui durent la journée et une partie de la nuit, le préfet est blessé, le procureur de la République est happé par les insurgés lors d'une tentative de parlementation et libéré par la première charge de cavalerie. Mais ce seront les insurgés qui paieront le plus lourd tribut avec plusieurs dizaines de morts de leur côté.

Les combats ne durent pas et, même s'il y a eu des morts, il n'y a vraisemblablement pas eu de massacre froid comme ce fut le cas à Paris. Pour autant, la répression est loin d'être terminée.

L'État va pourtant ensuite utiliser les mêmes armes contre les lyonnais que celles dont il use contre les parisiens pour implacablement punir les communards de leurs aspirations. 
La première mesure du préfet Valentin fut de dissoudre les bataillons de la Garde nationale qu'il juge trop instables (anticipant la mesure que prendra Versailles après la semaine sanglante).
La justice civile qui commençait à informer contre les tentatives de l'automne et de l'hiver 1870 va être remplacée par la justice militaire et ce sera, comme à Paris, des Conseils de guerre qui jugeront les participants aux diverses tentatives insurrectionnelles lyonnaises des 28 septembre et 20 décembre 1870 tout comme celle des 22-24 mars et 30 avril 1871. La volonté de Thiers "d'expiation légale" est donc appliquée à Lyon. Lors des instructions et des procès, on constate alors un mélange de sévérité envers les meneurs et un grand mépris envers ceux qu'ils auraient "abusés". Quelques peines de mort dans le cas de l'affaire Arnaud, et de nombreuses peines de "déportation dans une enceinte fortifiée", qui signifiait le bagne en Nouvelle-Calédonie, ont été prononcées. La prison, les amendes font aussi partie des peines retenues. Il y eut d'ailleurs une distinction temporaire dans le statut des prisonniers, certains étant considérés de suite comme de vulgaires criminels, comme des "droits communs" (ce fut le cas des insurgés du 30 avril), et certains comme des prisonniers politique avec un régime spécial (ce fut le cas de certains de la tentative de Mars par exemple). Mais rapidement, les communards furent tous mis au même régime : celui des prisonniers de droit commun.


La police fut aussi une grande actrice de la répression des communards sur le long terme. Pourtant, elle est d'abord extrêmement désorganisée dans son fonctionnement car celle-ci est presque complètement supprimée au 4 septembre par le Comité de Salut Public et les ex-fonctionnaires impériaux sont révoqués, de plus le service de Sûreté restant est d'abord aux mains des révolutionnaires. Et elle aura ensuite beaucoup de mal à reprendre de la force pour redevenir efficace face à ceux qui, d'une certaine façon, ont voulu sa disparition. Il y aura également un temps ou une police municipale et une police préfectorale cohabiteront mais ne seront pas tout à fait au clair sur les attributions de chacune. Finalement, ce sera la police de Sûreté, contrôlée par le préfet, qui, sous la direction de Gaston de Gourlet, va se réorganiser et trouver une nouvelle efficacité dans la traque des communards en fuite et dans la surveillance des milieux où les idées de la Commune furent les plus vivaces, même des années après la fin des mouvements. Une surveillance active des milieux ouvriers, républicains, socialistes... ainsi qu'un contrôle des échanges entre les proscrits communards en Suisse et les Lyonnais s'exercera jusqu'à l'amnistie totale de 1880.

  • - En tant qu'historien mais peut-être aussi en tant que citoyen, que pensez-vous de l'idée d'une commémoration des événements lyonnais, qui pourrait prendre la forme d'une plaque à l'emplacement de l'ancienne mairie de la Guillotière, à l'initiative de la Libre Pensée, des Amis de la Commune et de l'IHS-CGT ? N'y a-t-il pas un vide à combler ?

- Il me paraît bien-sûr digne d'intérêt, en tant qu'historien, de montrer que ces évènements et ses acteurs n'ont pas été oubliés. Et toute trace laissée des commémorations ne peut qu'être bénéfique. Mais la mémoire est par essence sélective et souvent elle atténue la complexité historique. Il est éloquent que la Commune de Paris, qui est un événement qui bénéficie pourtant d'une activité mémorielle forte par rapport à d'autres insurrections du siècle par exemple, et dont de nombreuses publications de fictions s'inspirent, soit pourtant aussi méconnue dans sa complexité y compris 150 ans après. Que dire alors de la Commune de Lyon qui a été si tristement méconnue par l'histoire comme par la mémoire !?

Il me paraît d'abord intéressant de constater que la mémoire nous amène à souvent retenir le lieu qui fut celui qui enterrera les espoirs communalistes à Lyon, siège d'une insurrection et d'une répression qui dureront quelques heures, et non l'hôtel de ville par exemple, objectif premier et symbolique des communards lors des multiples évènements qui prirent place durant des mois, de septembre 1870 à avril 1871. Cela m'amène à reposer cette question, à laquelle il n'y a d'ailleurs pas de réponse simple : Que choisissons-nous de retenir des communards ? Ceux qu'ils étaient, leurs aspirations, leurs objectifs, méritent tout autant d'être exposés que leur implacable répression. Peu de moments dans l'histoire ont créé autant d'antagonismes et ont pourtant été en même temps à la fois capables de rassembler des hommes et des femmes d'horizons si différents, qui obéissent à des logiques viscéralement locales mais dont les aspirations sont profondément universelles. 

Pourtant, nous l'avons dit, cette place du Pont (Gabriel-Péri aujourd'hui) et le quartier de la Guillotière ont remplacé, à cette date du 30 avril 1871, la Croix-Rousse comme quartier emblématique du Lyon insurgé. Mais au-delà de l'endroit où se sont tenus les derniers combats, on pourrait tout à fait trouver à cette place une dimension même plus symbolique de ce que fut la Commune en elle-même. L'historien Robert Tombs a pu utiliser l'image du carrefour pour désigner la Commune et ses participants. Et en effet, on a pu constater, en ce qui concerne les évènements qui nous intéressent, la variété des parcours qui menaient à l'engagement pour ce mouvement, mais aussi les différents chemins empruntés après l'extinction des événements communalistes. 

La place où était située la mairie de la Guillotière, ainsi que les rues adjacentes, qui forment une étoile, pourraient alors parfaitement être l'incarnation de ce carrefour allégorique.

 Libres propos, libres pensées

La révolte silencieuse contre "le Putsch venu d'en haut"


Le plus grand des pouvoirs est d'influer sur les lois, c'est-à-dire de pouvoir décréter ce qui est légal et ce qui est illégal, donc punissable d'amende, de prison ou même de mort dans certains pays, et tout ceci de façon parfaitement inattaquable juridiquement.

Le principe de base de la démocratie est de faire élire par le peuple ses représentants qui feront les lois pour le bien collectif, selon la volonté majoritaire. Après le lamentable fiasco des élections régionales de juin 2021, le monde politico-médiatique se pose étrangement cette étrange question : pourquoi les électeurs dans leur très grande majorité (deux abstentionnistes sur trois électeurs inscrits, aux deux tours, sans compter les non-inscrits par choix) ne se déplacent même plus pour voter et beaucoup de ceux qui le font encore le font par auto-obligation morale, pour la forme, sans conviction et bien trop souvent dans le seul espoir d'éviter le pire. Les médias : "Nous sommes en démocratie, le peuple doit voter !"

Mais peut-on encore parler de démocratie quand les gens ne veulent plus voter ?

Et surtout pourquoi ne le veulent-ils plus ? La vraie question est là.

Est-ce dû à une indifférence généralisée ? Ou est-ce plus simplement dû à l'amer constat que font les électeurs que depuis des décennies, que quel que soit le résultat des élections, à droite comme à gauche, la même soupe amère néo-libérale leur est servie par le techno-féodalisme dominant le monde, devenu bien plus puissant que nos démocraties : le programme de  démolition continue de tout ce qui avait fait de nos sociétés occidentales des sociétés plus civilisées, soucieuses du bien-être de leur population et non seulement celui de la micro caste des hyper-riches.

Des "réformes" qui ne sont que des régressions : comme les grands médias passés sous leur contrôle, même le langage a été kidnappé par la nomenklatura en place et ses barons, comme avait été kidnappé le résultat, pourtant sans appel, du référendum de 2005.

Mais comme en adultère, l'important est que cela ne se voie pas et que l'apparence de respectabilité soit sauve. Le hic est que maintenant cela se voit.

Car pourquoi la démocratie puisqu'on nous assène "qu'il n'y a pas d'alternative !" donc pas de vrai choix possible sur des "réformes" destinées à piller par tous les moyens ceux qui travaillent au profit de ceux qui accumulent des fortunes défiant les États et la simple raison à un niveau mondialement inédit ?

Car, n'est-ce pas, il n'y a plus d'argent… pour ceux qui travaillent, vu que dans tous nos pays les États ont été subrepticement appauvris à force de baisses d'impôts, de niches fiscales pour les plus riches qui, jamais assez riches, usent massivement de l'évasion fiscale, des délocalisations et privatisations hostiles aux vils besogneux, toutes choses facilitées par la mondialisation et sur lesquelles l'UE ferme les yeux… ou les organise. Car, très simplement, c'est sa finalité ultime, sa véritable raison d'être.

 

En octobre 2004, un journaliste allemand, Arno LUIK avait déjà donné une réponse dans un article remarquable de prescience et de lucidité paru dans la revue allemande STERN, "Der Putsch von ganz oben" ("Le putsch venu d'en haut"). Extraits :

"Et ainsi règne maintenant une frénésie de destruction. Des structures péniblement construites au fil des décennies sont démontées ou privatisées, les sécurités sociales dans leur ensemble sont démolies, presque tout ce que les mouvements politiques avaient conquis pour les citoyens en plus de 100 ans (protection contre le licenciement, lois sur la formation et la cogestion, etc.) est maintenant diabolisé. De plus sont assénés de façon pathétique des stéréotypes au contenu positif, tels que "auto-responsabilité", "auto-initiative", "liberté", qui ne cachent finalement rien d'autre que la marche en arrière forcenée vers un ordre social darwinien : "Démerde-toi !".  

Comment cela agit-il dans la tête des hommes ? Aux gouvernants, aussi bien qu'aux politiciens élus de l'opposition, cela semble être égal.

Ils croient pouvoir ignorer les conséquences de leurs politiques, la toujours plus profonde scission de la société entre pauvres et riches, la désintégration sans égards de structures éprouvées.

Oui, ce que pense le peuple qui vote - et toujours plus souvent celui qui ne vote plus - ne semble plus émouvoir la classe politique, les parlements seront toujours aussi pleins, même si presque plus personne ne se déplace pour voter. La compassion à l'égard des défavorisés est exemptée à ceux qui appellent aux réformes qui ne leur nuisent pas. Les citoyens refusent dans leur majorité les réformes. Ils voient que les cartes sont réparties inégalement (en clair : injustement), entre le haut et le bas.

Ils voient les salaires et les avantages en millions des grands managers ; ils ressentent que néo-libéralisme et néo-féodalisme sont visiblement liés. Ils flairent que quelque chose de fondamentalement


faux se passe. Mais plus aucun parti aux Parlements ne s'occupe de cette aspiration à un État qui se soucie et s'occupe de ses citoyens, de ce souhait de justice. L'État social inscrit dans la constitution n'a plus de gardien."

  

On s'y croirait ! Car, évidemment, ce qui vaut pour le peuple allemand vaut également pour nous, et pour la plupart des peuples en UE, USA, UK, etc. placés sous une domination financière identique.

Il existe de par le monde de nombreux types de républiques démocratiques aussi variées les unes que les autres, de par la naturelle diversité historique de leurs Constitutions, qui édictent chacune les bases légales sur lesquelles elles reposent.

Mais il existe aussi des "Républiques bananières", terme très dévalorisant que Google définit ainsi : "République bananière : pays qui, sous les apparences d'une république, est régi par des intérêts privés." Exemple : "Au Honduras, il est moins cher d’acheter un député qu’une mule !"    

(dixit Sam Zemurray, ex-PDG de la United Fruit).

Qui peut contester le fait que nos démocraties sont tombées aux mains d'intérêts privés mondialisés qui ont fait main basse sur les leviers du pouvoir, le peuple n'ayant plus pour prérogative que de valider le système de temps à autre, pour abuser la galerie ?

Qui peut contester le fait que notre déclin collectif (par sujétion servile de nos élites au suzerain US, désindustrialisation massive, inégalités en hausse, chômage élevé, travail morcelé et précaire, salaires insuffisants pour vivre, bradage des biens de l'État, anesthésie cérébrale des populations par addictions diverses soigneusement cultivées, affaiblissement culturel, américanisation des mentalités, langue nationale menacée par une vague anglomaniaque systémique et trop invasive) est le corollaire de leur incroyable et ouvertement obscène enrichissement ?   

  Alors, quand les dés de la démocratie sont pipés, quand elle s'est mutée en ploutocratie débridée, sans scrupules, sans freins et sans limites, a-t-on toujours envie de jouer ?

Parions que la convocation d'une Assemblée Constituante réveillerait les électeurs !       RJ                                                         


 association étienne dolet

 

Association Laïque Lyonnaise des AMIS d’ETIENNE DOLET                                                                                         

Marcel PICQUIER nous informe – 8 janvier 2022

La vieillesse, la maladie me contraignent à interrompre mon rôle dans la vie de l’Association Dolet. Nous l’avons créée il y a plus de vingt ans, sous l’égide de la Fédération nationale de la Libre Pensée. Le numéro 1 de notre bulletin « La Doloire » - octobre 2002 – rend compte de notre première assemblée générale du 27 septembre 2002.

L’association est fière d’avoir mené à bien les projets arrêtés lors de cette AG pour restaurer la mémoire de Dolet avec de nombreuses conférences, la plaque de la rue Dolet en 2004, celle de la rue Mercière sur l’immeuble de son imprimerie en 2005, l’obtention du timbre Dolet en 2009, la participation au Colloque Universitaire international, la même année, suivi d’une grande réception en mairie, l’édition d’études et biographies…

Nous avions dû renoncer à reprendre à notre compte le monument Dolet qu’avait souhaité faire élever Edouard Herriot place Jean Macé, au profit de notre peinture murale. Le numéro 40 de la Doloire du 9 juin 2020 a publié la photo du « Banquet des Humanistes » dont nous avions obtenu, faute de son installation censurée par la mairie Colomb, sur le mur de l’école Dolet, qu’elle soit exposée Maison des Associations – Château Sans Souci, provisoirement. Le tableau a été décroché ensuite.

Le numéro 41, daté de décembre 2020 – rédigé mais jamais envoyé - informait que la municipalité élue du maire Doucet, à laquelle la LP avait fait de nouvelles démarches nous a déclaré :

 

« Il n’y a pas de raison pour que ce projet ne soit pas finalisé.

Un avis pleinement favorable est donné pour reconsidérer tout le dossier et parvenir à un accord, en lien avec l’association ».

Je ne doute pas que la fédération départementale de la Libre Pensée poursuivra cette tâche : défendre la mémoire de Dolet c’est lutter pour la liberté de pensée.                                              

                                                                                                                                     Marcel Picquier