ÉDITORIAL

 


La Libre Pensée condamne tous les crimes de guerre, où qu’ils soient et quels que soient ceux qui commettent ces actes de barbarie. Que cela soit dit une fois pour toutes. Cette précision est sans doute inutile, mais nous vivons à une époque où ce qu’on ne dit pas peut conduire à être inquiété, arrêté et traîné dans la boue par les media.

La recherche de profits immenses pour les lobbys militaro-industriels conduit le monde à un état de guerre endémique. Pour le Capital toujours plus en crise, la guerre apparaît comme l’unique solution pour préserver son pouvoir. Un an et demi après l’Ukraine, et après nombre d’autres théâtres d’affrontements moins médiatisés, c’est la terre palestinienne qui devient un champ d’horreurs.

La vérité, dit-on, est toujours la victime collatérale des guerres.

La Libre Pensée dénonce la politique de répression du Gouvernement Macron/Darmanin qui entend interdire toute expression de solidarité avec le Peuple palestinien. Elle exige donc le retrait de la circulaire du Garde des Sceaux du 10 octobre 2023 contenant des instructions qui pousse les parquets à interpréter de manière abusivement extensive la notion d’apologie du terrorisme pour faire interdire toute expression de solidarité avec le Peuple palestinien. Enfin, la Libre Pensée réaffirme sa totale solidarité avec le Peuple palestinien et son droit légitime et indéfectible à rester et à reprendre sa terre.

A Lyon, il y a eu le rassemblement du 21 octobre. Puis, samedi 4 novembre, a eu lieu une magnifique manifestation de plus de 8000 personnes demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. A l’issue de la manifestation, place Bellecour, la foule a scandé un slogan révélateur à propos des massacres : « Les media complices ! » N’assiste-t-on pas à une prise de conscience toujours plus claire de leur rôle de police de la pensée au compte de l’impérialisme pro-israëlien dont Emmanuel Macron est un représentant zélé ? Il suffit de regarder les vidéos du Général de Gaulle s’exprimant au moment de la guerre des six jours pour mesurer la profondeur de la dérive en cours.

Comme le veut la doctrine officielle, les media reprennent à satiété le mot la qualification de « terrorisme » plutôt que « crime de guerre » pour qualifier l’attaque du Hamas, comme si celle-ci n’était pas le énième épisode d’une guerre commencée en 1947. Et pour couronner le tout, le mot « antisionisme » semble avoir disparu du vocabulaire. Dans cette guerre, il n’y a plus que de l’antisémitisme, et point final.

Camus disait que mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

En juin, l’avocat franco-israëlien Salah Hamouri expliquait à la Bourse du Travail qu’il n’avait rien d’un antisémite. Il venait lui-même, ancien détenu politique, pour témoigner des souffrances de ses compatriotes et des atteintes aux Droits de l’Homme commis par l’Etat d’Israël, des atteintes connues de tous. Et les puissants fermaient les yeux sur la « prison à ciel ouvert » de Gaza, en passe de devenir un gigantesque mouroir.

Rappelons ce que disait en 1964 la Charte du mouvement national palestinien. Elle déclarait solennellement « que l’objectif final de cette lutte réside dans la restauration de l’état démocratique et indépendant de la Palestine où tous les citoyens, quels que soient leur race et leur religion, jouiront de droits égaux. »

Nombreuses sont les personnalités juives qui ont dénoncé le sionisme. Pour n’en citer que quelques-uns : Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel, Yehudi et Hephzibah Menuhin, (dont les parents ont fini dans de la mort). Des antisémites, vraiment ? Pas plus que les 350 survivants et descendants de victimes du génocide qui, en août 2014, signaient une lettre ouverte condamnant l’agression d’Israël contre la bande de Gaza. Leurs propos étaient sans ambiguïté : « (…) nous condamnons sans équivoque le massacre de Palestiniens à Gaza et l’occupation et la colonisation en cours de la Palestine historique. Nous condamnons également les Etats-Unis pour avoir fourni à Israël les fonds nécessaires pour mener cette attaque, et plus généralement les Etats occidentaux pour avoir utilisé leur puissance diplomatique afin de protéger Israël de toute condamnation. »

Ils n’ont pas été écoutés. L’attaque du Hamas du 7 octobre apparaît ainsi comme le retour du boomerang, tragique et trop prévisible !

La Libre Pensée s’honore d’avoir toujours défendu l’unique voie pour garantir une paix durable de façon réaliste. Elle rappelle sa prise de position traditionnelle : « Au moment où l’on massacre en Palestine au nom de prétextes prétendument religieux, nous réitérons que la Paix ne peut revenir dans cette région-martyre que dans le respect absolu de la liberté de conscience et des cultes pour celles et ceux qui veulent en pratiquer un, et dans la laïcité des institutions d’Etat. »                                    P.G.

 

 

La Libre Pensée du Rhône dans les manifestations

 

Dénonçant les propos racistes qui se déchaînent pour conclure à une responsabilité collective envers les Musulmans ou présupposés tels, elle demande l’abrogation de la Loi « Séparatisme » du 24 août 2021 qui introduit juridiquement cette responsabilité collective dans le monde associatif.

C’est pourquoi elle était présente dans la rue le 23 septembre, avec le collectif lyonnais « En deuil et en colère »

Abrogation des lois « Sécurité globale » et « Séparatisme » !

Place Raspail, le 7 octobre (journée mondiale pour la Paix) avec le mouvement de la Paix le Mouvement de la Paix, le POI , le Parti communiste, Lutte Ouvrière, la jeunesse communiste :

d’association et de manifestation !

« Nous lançons un cri d’alarme pour stopper cette folle escalade militaire et pour que la voix de la paix soit enfin étendue afin d’éviter le risque d’une troisième guerre mondiale avec l’éventuelle et catastrophique utilisation de l’arme nucléaire. » Et pour :
               ⁃ L’arrêt de l’agression contre l’Ukraine par Poutine et son régime
                 ⁃ Le développement de la solidarité avec le peuple ukrainien 
               ⁃ Un cessez le feu immédiat et une solution diplomatique
               ⁃ L’arrêt de l’escalade de L’OTAN

La Libre Pensée dénonce la Militarisation croissante : dans la société, l’économie, l’adaptation de l’armée à la situation nouvelle, la militarisation de l’Ecole, l’alignement sur l’OTAN, des budgets militaires en hausse exponentielle, 413 Milliards pour la seule Loi de Programmation Militaire. L’Impérialisme français perdant ses positions coloniale ou postcoloniale à l’étranger les unes après les autres. Il faut la guerre à Macron, agent de la Finance et du Capitalisme spéculatif, pour tenter de reprendre des parts de marchés.

Dans la rue encore, les 21 octobre et 4 septembre, en solidarité avec le peuple de Gaza, pour le cessez-le-feu et l’arrêt immédiat des bombardements :

Halte aux bombardements de Gaza !

Cessez-le-feu !

Levée du blocus et accès à l’aide d’urgence !

Solidarité avec le peuple palestinien !

Justice pour la Palestine !

Halte encore à la Militarisation de la Jeunesse. Le SNU à l’Ecole, c’est la transformation de l’Ecole en Bataillons de la jeunesse qui a conduit à la Première Guerre mondiale, c’est la mise au pas de la jeunesse pour lui apprendre à obéir.

 

la bourse du travail de lyon

Lyon, la Bourse du Travail, Martin Luther King : un espace de liberté

Le 22 juin dernier, la Bourse du travail de Lyon a accueilli l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, accompagné du président d’Amnesty International France Jean-Claude Samouiller, pour une conférence sur le régime d’apartheid mis en place par l’Etat israëlien. Devant une salle comble, cette conférence a été un franc succès, sans générer aucun trouble.

L’intitulé choisi « Palestine-Israël Colonisation / Apartheid » a été jugé trop polémique par certains (en clair ; dans les milieux sionistes) qui en ont demandé l’interdiction. Il est clair pourtant que le thème de la conférence relève de la libre discussion sur la base de faits, de témoignages, et à partir d’une analyse documentée. C’était le cas.

Et cependant la conférence a failli ne pas avoir lieu.

S’agissait-il d’un « argument de circonstance » pour éviter une situation de conflit avec d’éventuels fauteurs de troubles ? Possible, mais ce qui n’était peut-être qu’un prétexte touchait un problème de fond.. Le maire de Lyon a fait valoir que l’objet de la conférence ne relevait pas de l’action syndicale et qu’elle pouvait être interdite en application des dispositions des articles 9 et 10 du règlement intérieur d’occupation de la Bourse du Travail (lesquels, aux dires de la municipalité, interdisent toute réunion à caractère politique ou religieux). Un arrêté d’interdiction a été produit en ce sens. Or depuis des décennies, ce sont les syndicats qui gèrent leurs événements et choisissent qui peut être invités. Le règlement de la Bourse signifie simplement qu’un parti politique ne peut pas demander de bénéficier d’une attribution de salle. La Bourse du travail est donc un espace de liberté où se réunissent quantité d’association et de collectifs, sur des questions syndicales, mais aussi sur des thèmes sociaux ou sociétaux.

A l’issue de la séance du Tribunal Administratif réunie le matin de la conférence, la juge des référés a estimé qu’une interdiction constituerait ’une « atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale. » Elle a désavoué la position du maire, pour qui le lieu de la conférence n’avait « pas vocation à accueillir des événements de « géopolitique » et qui entendait empiéter sur les prérogatives des organisations syndicales. La juge a rappelé en substance que l’activité syndicale ne pouvait se résumer aux revendications catégorielles, mais qu’elle pouvait englober bien d’autres sujets, comme l’avait fait remarquer l’un des avocats en citant les travaux de l’OIT.

Le maire ayant fait remarquer par ses avocats que les articles 9 et 10 du règlement intérieur de la Bourse du Travail ne prévoient la mise à disposition de salles qu’aux seules organisations syndicales, il était facile de lui répondre que tel était le cas. En un mot : les syndicats font ce qu’ils veulent. Nul ne peut avoir la prétention de leur dicter leur activité.

Martin Luther King à Lyon

C’est le 29 mars 1966, Martin Luther King s’est rendu à la Bourse du Travail de Lyon pour prononcer un discours en défense des Noirs américains.

L’événement n’avait pas lieu dans les locaux syndicaux de la Bourse du travail, mais dans la grande salle en présence de quelque 5000 personnes. Cette visite fut d’ailleurs la seule organisée dans une ville de province dans le cadre de la tournée européenne de Martin Luther King, lequel a d’ailleurs affirmé que « Lyon lui était une ville toujours prête à se battre pour ce qu’elle croyait juste », et a rappelé le rôle central qu’elle avait joué dans la Résistance.

« Pendant ce temps-là, les élus saucissonnaient à la Foire ! », rappelait Michel Chomarat, le maire Louis Pradel en tête.

 
 

 

 

C’est le journaliste lyonnais Robert Vial qui a fait venir le Prix Nobel de la paix à Lyon, aidé par 27 associations de la région lyonnaise réunies pour organiser l’événement.

Les autorités de la ville ont presque ignoré la venue du pasteur américain. En 1966, deux ans avant son assassinat, Martin Luther King n’avait que 37 ans, mais il était connu dans le monde entier pour sa lutte contre le racisme et la discrimination dont sont victimes les Noirs américains, et il avait reçu le prix Nobel trois ans plus tôt.

 

Photo : Martin Luther King à Lyon

 

Discours de Martin Luther King prononcé à la Bourse du Travail de Lyon (extraits) …où les problèmes concrets des noirs américains rappellent étrangement les revendications palestiniennes.

 

 

« C’est un grand réconfort pour moi d’être en France, berceau des libertés et des idéaux, pour réfléchir avec vous sur les problèmes que nous affrontons. (…) La première arrivée des Noirs, contre leur volonté, date de 1619. (…) Ce n’est que 244 ans plus tard que prendra fin l’esclavage. En théorie seulement (…)

 

En 1964, on peut dire que les États-Unis ont condamné la discrimination raciale assimilée à une subversion de la vie nationale. Aucune ville du Sud ne peut désormais prétendre légalement renforcer la discrimination.

Quoiqu’il y ait encore beaucoup d’incidents, souvent mineurs, on peut dire que la Nation américaine a témoigné d’une extraordinaire capacité à admettre cette révolution. Nous étions alors sur le point de renoncer à la bataille lorsqu’une bombe tuant un dimanche matin 4 petites filles d’une école religieuse nous a montré amèrement qu’elle n’était pas terminée.

En lançant le slogan « un homme, une voix ? » qui a pénétré au plus profond des états du Sud, nous sommes parvenus à obtenir l’inscription des Noirs sur les listes électorales.

 

Aujourd’hui, nous devons faire face à un autre problème : celui des profonds écarts de salaires entre les deux communautés. Le chômage s’accroît rapidement, se transformant en chaudron dans lequel bouillent l’amertume sociale, le désenchantement, le désespoir et nous devons lutter contre l’exploitation économique mais aussi contre une police complice qui, matraquant les opposants, devient le symbole de l’oppression.

À Chicago, 41 % des logements Noirs sont insalubres. Ce qui n’empêche pas leurs loyers d’être 10 % plus élevés que ceux des Blancs, alors qu’ils ne bénéficient que seulement de deux tiers des services collectifs de la ville.

À Chicago, il y a 100 000 chômeurs, hommes et femmes, dont 70 % de Noirs. Ce qui nous permet de dire que l’exploitation systématique des Noirs est encore plus révoltante dans le Nord que dans le Sud, sachant que de telles disparités ne se limitent pas aux seuls États-Unis et que le monde entier est confronté à ce combat.

Si, en ce moment, nous luttons pour mettre fin au colonialisme interne qui interdit aux Noirs d’avoir accès au développement économique et les confine dans un ghetto de pauvreté, nous n’ignorons pas que cette lutte contre les forces de domination politique appartient à l’histoire de notre temps et concerne l’univers tout entier.

En privant un homme de son travail, on le prive de son humanité et c’est une forme encore plus générale de l’esclavage.

C’est pourquoi note combat est un immense encouragement pour le reste du monde car il contribue à faire naître l’aurore d’un monde nouveau où tous, communistes, capitalistes, noirs, blanc, jaunes, catholiques, protestants, riches, pauvres pourront se respecter réciproquement et coexister dans la paix.

(…) Assuré de votre aide et de votre prière, je me sens d’autant plus fort pour chanter avec vous : « We Shall Overcome ». Nous triompherons un jour. »

Libres propos, libres pensées

L'AN II ça vous parle ? Et VALMY ? Une Défense PACIFISTE, un Oxymore ?

 

La plupart des français n'ont maintenant plus d'illusion sur les projets de Macron à leur égard : il suit un agenda qui n'est pas le leur et surtout pas dans leur intérêt.

Ses commanditaires sont tout autres… Son projet d'imposer le SNU a un relent pétainiste qui vise essentiellement à séduire des volontaires pour s'engager dans la défense et la sécurité : dans les armées, la police, la gendarmerie, les pompiers, la sécurité́ civile, les réserves opérationnelles et accessoirement dans des tâches civiles et civiques.

Ceci pose une fois de plus la question de cette Vème République à bout de souffle et de ses institutions régaliennes : à quoi et surtout QUI servent-elles ?

Nul ne peut contester que JAURÈS était un vrai pacifiste, célébré pour ses tonitruants discours et innombrables écrits contre la guerre et que c'est ce pacifisme militant qui lui a finalement coûté la vie.

Mais les historiens ont souligné l'étendue de sa pensée pacifiste, socialiste, internationaliste mais cependant partisan d'une armée nationale citoyenne, au point d'avoir écrit en 1910 un volumineux essai sur "L'Organisation Socialiste de la France : l'Armée Nouvelle", en étroite coopération avec son ami, le capitaine républicain et socialiste Henri GÉRARD (1873-1940).

Celui-ci tenait une rubrique militaire créée par Jaurès dans l'Humanité sous la signature collective de Rossel en hommage à Louis ROSSEL, colonel communard fusillé "pour faire un exemple" le 28 novembre 1871 à 27 ans sur ordre de THIERS.

Partant du constat, hélas, plus que jamais d'actualité, que ce monde est dangereux, surtout pour tout pays mal armé, mal préparé ou pire, désarmé, (servitude assurée !) il milite pour le système de milice citoyenne : un peuple armé, formé de façon active à la défense du pays et bien déterminé à se défendre. C'est le cas de la SUISSE qui n'a jamais eu jusqu'ici la volonté d'agresser qui que ce soit, mais seulement de bien préparer sa population en cas d'invasion.

Ils n'ont de généraux qu'en période de guerre alentour, et ÉLUS (en allemand gewählt : choisis) par vote de l'Assemblée Fédérale : démocratie suisse oblige ! Ils sont pacifistes mais prudents… mais de nos jours peut-être imprudents !

Car certaines "élites" suisses sont de plus en plus tentées d'adhérer au triptyque UE-US-OTAN, ce qui fait chez eux gravement polémique, car près de 90 % des suisses tiennent strictement à leur neutralité historique et légendaire : beaucoup pensent avec raison que la neutralité n’offre certes pas automatiquement une protection garantie… mais son abandon non plus. Car leur Constitution le stipule on ne peut plus clairement (Art.54a2) :

 

Art. 1 - La Suisse est NEUTRE. Sa neutralité est PERPÉTUELLE et ARMÉE. Art. 2 - La Suisse n'adhère à aucune ALLIANCE MILITAIRE

 

Souveraineté, neutralité, démocratie directe :

du pur réalisme pragmatique gravé dans la loi !

Paradoxalement, le principe d'armée de milice citoyenne qui fut inscrit dans la Constitution de la République Helvétique à sa mise en place en 1798 et qui perdure jusqu'à nos jours était directement inspiré par les armées révolutionnaires françaises !

"Faisant suite aux armées professionnelles de l'Ancien Régime ou de mercenaires utilisées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la conscription moderne est principalement créée et développée par la Révolution française, avec la fameuse levée en masse de l'AN II en 1793" (Wikipédia).

Car après VALMY le 20/09/1792 et l'abolition à l'unanimité de la royauté le lendemain même, la Révolution était menacée d'anéantissement par la "Coalition des Rois ou des Brigands couronnés, contre la République française".

(Titre d'une estampe en eau-forte de 1794, BNF)

Et là on comprend mieux l'arrêt de la conscription. En 1996, Jacques Chirac prend la décision de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. En clair, cela signifie l'expulsion du peuple d'un principe de défense citoyenne et populaire engendré par la Révolution : la Défense du Peuple par le Peuple, pour le remplacer par des soldats professionnels engagés et soldés, le plus souvent pour de prosaïques raisons économiques, de ce fait forcément plus flexibles, moins enclins à renâcler ou désobéir ou même, pourquoi pas, à se saisir des armes comme lors de la tentative avortée du putsch des généraux fascistes à Alger en 1961 :

"Des unités d'appelés refusent d'obéir aux ordres des mutins (2e et 8e RPIMa), d'autres se soulèvent à leur tour et arrêtent les officiers putschistes en leur sein." (Wikipédia).

Des citoyens-soldats ont simplement fait leur devoir de Résistance face à un coup d'État factieux.

Quid de mercenaires soldés et sans états d'âme ?

Et sous prétexte du pacifisme dont elle se réclamait, si elle avait gagné en 1871, la Commune aurait-elle renoncé à avoir une armée de citoyens pour se défendre contre ses ennemis ?

Et la révolte des conscrits du 17ème (Béziers 1907) est-elle oubliée ?

En conséquence cette décision revenait à couper l'armée de la société civile, en refaire une secte "à part", une caste fermée avec ses propres codes, bien à l'abri de l'œil critique des civils incorporés dans ses rangs et services pour un temps et qui l'observaient, la décryptaient, la jugeaient et au besoin… la dénonçaient à l'opinion publique.

Un retour direct et voulu à l'armée mercenaire d'Ancien Régime dans les règles !

Cela revenait seulement à remplacer la conscription citoyenne par du mercenariat institutionnalisé que l'on peut utiliser à volonté, en particulier pour des OPEX où les pertes dans leurs rangs n'émeuvent pas trop une population dorénavant largement indifférente et déconnectée de leur sort.

Ils ont signé…

Couper l'Armée de la société, n'était-ce pas le but ?

 

L'Armée n'est qu'un instrument régalien, un outil au service de la défense d'un pays, comme en Suisse. En vraie démocratie ce sont les buts fixés par le pouvoir politique élu qui l'utilise qui comptent.

Et ce sont bien les gouvernements en place qui décident de son utilisation, pour le meilleur… ou le pire.

Danièle SALLENAVE, grande amie de la Libre Pensée, cite dans son livre "Rue de la Justice" cette réflexion de l'historien Jean-François CHANET, autre ami de la Libre Pensée, (il fait l'objet d'une très élogieuse note de lecture dans La Raison n° 684 pour son livre "L'École républicaine et les petites patries"), réflexion en accord total avec les conceptions de JAURÈS sur l'institution militaire : "Le pacifisme n'est pas forcément antimilitariste."

Elle cite aussi le philosophe ALAIN (1868-1951) : "Nier le devoir militaire est puéril. Si peu que vaille une organisation sociale, il se peut toujours qu'on ait à la défendre contre des ennemis plus barbares encore." À qui pensait donc Alain en son temps ?

À l'évidence, comme JAURÈS, Jean MOULIN et le CNR étaient des pacifistes s'opposant à la barbarie mais bien décidés à la combattre par les armes !

Mais tout dépend ÉVIDEMMENT des objectifs qu'une VRAIE démocratie fixe à ses armées et aux personnels et officiers permanents qui y servent, qui

doivent être obligatoirement assermentés à la Constitution d'une (pourquoi pas nouvelle ?) République Souveraine, Indivisible, Laïque, Démocratique et Sociale (art.1er).

Et non soumise aux diktats de l'UE… Ou autre ?

Une Défense Nationale est indispensable, (le nier serait absurdement et collectivement suicidaire), mais il faut qu'elle soit au service exclusif de la Défense de la Nation et de ses citoyens, et non en supplétive des funestes et belliqueuses aventures extérieures du sinistre trio US-UE-OTAN.

Une "Défense Européenne" est une illusion : l'UE est un patchwork jamais achevé de nations qui n'ont pas de langue commune, qui ont des histoires, des cultures, des standards sociaux, des coutumes, des religions, des alliances (ou des allégeances ?) extérieures divergentes, des intérêts économiques très différents et même très souvent antagonistes.

C'est avant tout une construction mercantile créée pour favoriser la circulation des investissements, intérêts et profits du capitalisme, mais surtout pas ceux de ses peuples, qui n'y ont jamais eu la parole, ou alors systématiquement piétinée.

Le plus bel exemple : 2005 !

Qui voudrait mourir pour le drapeau européen ? (ce drapeau inspiré à son auteur Arsène Heitz par la médaille "miraculeuse" de la vierge du Bac.)

À terme, elle ne pourra survivre à sa déliquescente sociale, économique et industrielle croissante et à sa vassalité bien trop servile aux USA : une soi-disant "Défense Européenne" ne fera que remplir de très coûteux armements OFFENSIFS les arsenaux de l'OTAN dirigée par les USA et leurs ambitions hégémoniques et ne bénéficiera qu'au complexe militaro-industriel US.

Et à rembourser les prêts iniques en forme de "crédit-bail" du FMI & Co, supportés par les impôts (de ceux qui en paient sans frauder !)

 

Et la guerre en UKRAINE nous enseigne que deux pays très proches par la géographie, la langue, la culture mais aussi très couramment par des liens du sang, qui ont été unis de très près dans une autre vaste organisation supranationale disparue, l'URSS, peuvent devenir des ennemis mortels et se faire une guerre fratricide impitoyable, surtout si on les y pousse !

Cela démontre qu'en fonction de l'instable alchimie politique (la nôtre et celle des autres), un État prétendument "AMI" peut devenir un ennemi acharné à nous détruire, si un gouvernement, même légal, démocratique et légitimement élu ne lui plaît pas.

Cela commence toujours par des "révoltes populaires". "Spontanées", bien sûr… mais bien noyautées, bien organisées, bien financées…

Des "sanctions" suivent, inévitablement, de tragiques et dévastateurs antécédents contemporains ne manquent pas.

La guerre est toujours au bout : les moutons sont de nature et d'esprit pacifistes, les loups, non…

JAURÈS avait-il tort de penser qu'une DÉFENSE

Nationale Citoyenne et Dissuasive serait peut-être une bonne assurance sur la paix ?       RJ