Les écoles de l’An III

En ce début prairial de l’An CCXXXII de la République, il n’est pas inutile de rappeler qu’après l’An II …vint l’An III. Evidemment. Année remarquable par l’ampleur des tâches accomplies par la Convention. Parmi ces réalisations : la création des grandes écoles de la République.

Mardi 5 décembre, Gabriel Attal dévoilait son plan pour un « choc des savoirs » visant à « élever le niveau de notre école ». Conséquences du plan ? Nombreuses et désastreuses, mais notons la fermeture de classes préparatoires aux grandes écoles dans plusieurs académies. Dès le 6 décembre, des centaines d’étudiants et de professeurs de CPGE étaient rassemblés devant le ministère pour exiger le maintien des classes préparatoires de plusieurs lycées parisiens.

Un représentant du ministère expliquait : « Quand nous parlons d’exigence des savoirs, d’excellence à l’école, nous pensons évidemment aux classes préparatoires. C’est un modèle dont nous pouvons être fiers, car il porte une idée de l’excellence des savoirs à laquelle nous sommes attachés ».

Traduction en bon français à partir de l’original formulé en novlangue : « La politique d’austérité imposée par le gouvernement à coup de 49 ter programme la suppression de 2 500 postes à la rentrée 2024. Il faut trouver dans quels secteurs cela se verra le moins. En plus, en nous en prenant aux CPGE, coup double : on ouvre une voie royale pour le privé. » On peut aussi se demander si cela n’a rien à voir avec nos grandes écoles.

Les grandes écoles de l’An III pour mémoire :

Polytechnique – Créée le 7 vendémiaire (28 septembre 1794), Polytechnique (ou « X ») recrute les jeunes scientifiques les plus brillants. Le concours d’entrée compte parmi les plus difficiles parmi ceux qui sont proposés à la préparation des CPGE. Elle est l’une des sept grandes écoles militaires françaises. « Jouissant d'un grand prestige dans l'enseignement supérieur en France, l'École polytechnique est souvent associée à la sélectivité, à l'excellence académique, mais aussi à l'élitisme et à la technocratie qui sont sources de critiques depuis sa création. » (citation Wikipedia) Elle a le statut d'établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Insistons : établissement public.

Normale sup – Créée le 9 brumaire (30octobre 1794), c’est l’établissement de la rue d’Ulm. Depuis le début du XXème siècle, quatorze anciens pensionnaires ont décroché le Nobel, et onze une médaille Fields. Les élèves passent leurs diplômes à l’université, trouvant conseil et assistance auprès des enseignants, ainsi que des moyens d’étude exceptionnels dans cet établissement qui a la particularité de ne pas délivrer de diplôme.

Arts et métiers – Créée le 19 vendémiaire (10 octobre 1794), le Conservatoire national des arts et métiers était à l’origine un dépôt de machines où étaient organisés des cours du soir, de niveau élevé, où de simples ouvriers, même non-bacheliers, pouvaient se perfectionner. Depuis 1922, ils peuvent accéder au diplôme d’ingénieur. La devise du Cnam est Docet omnes ubique qui signifie « il enseigne à tous et partout ».

Langues orientales – Créée le10 germinal (30 mars 1795) Cette école où sont enseignées plus de 81 langues rares non européennes. « Langues O' » est le nom donné depuis des générations à l’École spéciale, puis royale, puis impériale, puis nationale, des langues orientales de Paris. Parmi les anciens élèves, on compte de nombreux enseignants-chercheurs, linguistes et diplomates.

Conclusion : S’il y eut un moment dans notre histoire où on aurait pu parler d’un véritable « choc des savoirs », c’est bien sous la Convention, mais pas sous la présidence de M. Macron et encore moins sous le ministère Attal. Il suffit de comparer !